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Suite civique

 

Parallèlement à ma Suite théologique, j’ai réuni,

sans trop de méthode, des textes d’abord épars sur ce site.

C’est avec l’ambition d’essayer de répondre par bribes

à ces questions que l’on se pose parfois, ou souvent,

quand on cherche à se situer simplement comme l’un

de ceux qui hantent la cité.... 

Les textes qui figurent ici seront suivis par d’autres,

mais de façon irrégulière.

 

 

D.R.

https://jeanalexandre.fr/civique_fichiers/image002.jpg

   

 

Après la colonisation…  

ou quittons le pathos

 

Comme l’avait rappelé judicieusement Natacha Polony dans l’hebdomadaire Marianne*, la France n’a pas le monopole de la colonisation de l’Algérie. L’ont précédée dans cet emploi l’Empire romain, les califats arabes, l’Empire ottoman, ceci sans solution de continuité.

C’est de la même manière que l’Empire britannique a colonisé nombre de régions du monde, l’Empire russe pas mal de régions non russes, que l’Empire chinois a fait de même chez ses voisins en les phagocytant, que l’Empire japonais s’est approprié la Corée, Taïwan et la Mandchourie… Sans parler de l’Espagne, du Portugal, de l’Éthiopie, des Pays-Bas ou même du Danemark. Etc. Tel est le propre d’un empire, conquérir et assujettir.

La France a donc fait cela, qui est tout à fait condamnable au regard du droit des formations humaines constituées à vivre libres et autonomes. Il convient cependant de souligner que toute ethnie qui en a eu les moyens s’est comportée ainsi, à la seule exception des populations de chasseurs-cueilleurs ou de la plupart des peuples nomades.

Elle l’a fait selon les moyens usuels de la prédation, de la violence, de l’injustice et de l’oppression, parfois de la cruauté, sans égards pour la dignité des peuples soumis. Du moins le plus souvent et en tout cas de façon systémique. Ce qui n’annule pas mais relativise fortement le mérite des apports positifs qui ont accompagné cela, le plus notable étant celui d’une langue commune.

Elle l’a fait en se prévalant paradoxalement d’une civilisation à valeur universelle, porteuse de justice, de science et de beauté. Ce qui a créé souvent chez les colonisés un sentiment contradictoire, malheureux et aliénant, d’amour/haine mais a pu constituer aussi un outil de libération.

La France s’est donc comportée selon la règle habituelle de la puissance. Il n’y a pas lieu de s’en montrer fier, ni de s’en sentir plus coupable que d’autres. Elle a eu l’opportunité de le faire, ayant souvent eu à se défendre victorieusement, de son côté, d’autres colonisateurs éventuels, tant elle a vécu selon les us et coutumes de la période historique qui l’a vue se constituer et perdurer en tant que nation.

Il s’agit d’une partie de l’histoire de l’espèce humaine, qui est tout sauf une espèce gentille…

Au cours de cette longue période, de grands empires se sont effondrés, espagnol et portugais d’abord, puis britannique, français, ottoman, japonais, russe. D’autres, moins conséquents, ont fait de même.

Par ailleurs, le mode de fonctionnement de la colonisation a évolué car les empires restants se trouvent désormais gigantesques et en tout petit nombre. Leurs moyens de destruction étant devenus trop radicaux en cas de concurrence et de conflit entre eux, leur domination s’exerce le plus souvent par une mainmise à distance.

Elle le fait selon des voies à la fois financières, technologiques, culturelles et idéologiques, parfois religieuses. Lesquelles ne manquent cependant pas de susciter toute sorte de violence au sein des peuples dépendants que les empires actuels manipulent au gré de leurs intérêts.

Dans ce nouvel environnement, les peuples qui ont fait les frais de la colonisation française se trouvent face à une nation qui a contribué à les façonner mais qui est privée désormais des moyens de maintenir sa domination sur eux.

Chacun doit s’en persuader, la France ne sera plus, en aucune manière, une puissance coloniale. D’autres chercheront à la remplacer où et quand ils le pourront quoique selon de toutes autres modalités, adaptées à la période régnante. Pendant ce temps, elle est entrée elle-même dans des dépendances ou des adhésions d’un autre genre, comme l’OTAN ou l’Union européenne.    

Aussi bien pour elle que pour ses anciennes colonies, il convient de savoir alors ce qu’on fait, ou ne fait pas, de ce qui existe, du constat qu’on en fait, ceci à tous égards. S’inspirant de ce mot de Jean-Paul Sartre, « L’essentiel n’est pas ce qu’on a fait de l’homme, mais ce qu’il a fait de ce qu’on a fait de lui », chacun ferait bien de laisser de côté un pathos évidemment légitime, et de s’atteler à ce programme, que ce soit chacun pour soi ou collectivement.

* 8 octobre 2021.

 

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