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Vos réactions : jean.alexandre2@orange.fr
Mes réponses
Femmes remarquables
ou quelques héroïnes bibliques
Il est question du parcours de l’une des femmes
remarquables
dont on peut trouver la trace dans les récits des
Écritures bibliques.
On s’en rendra compte, elles
n’apparaîtront pas nécessairement
selon l’ordre canonique, et
elles ne seront pas toutes célèbres :
mention sera faite d’Ève,
bien sûr, mais aussi, entre autres,
d’Abigaïl ou de Lydie.
Insistons sur le fait qu’il
est utile de lire d’abord le récit biblique
lui-même, tant ce que l’on
va lire ici est très largement…
interprété.

–oOo–
Chapitre
24
la sulamite
ou le poÈme de l’amour en gloire
Dans les Écritures, le livre
que l’on appelle à tort
Cantique des Cantiques au
lieu de Chant des Chants
est le poème de l’amour de
deux êtres qui se cherchent et se trouvent,
se perdent et se retrouvent,
et qui s’aiment.
Il est attribué au roi
Salomon
et on l’a dit poème de
l’amour de Dieu pour son peuple bien-aimé.
L’amoureuse y est appelée la
Sulamite.
Elle se tient, cette
femme, en ses tout premiers mots : qu’il étanche ma soif des baisers de sa
bouche…
Ce n’est pas qu’elle
est amoureuse, c’est que l’amour l’accomplit toute. Ce n’est pas qu’elle est
belle, mais que sa beauté est toute amour. Elle n’est pas une femme, mais la
femme du poème, poème-femme enlacée à un homme-poème, raison pour laquelle il est
roi. Ou Dieu, c’est tout un dans le poème. Amant.
On ne peut la sortir
du poème, on en ferait une statue, et du poème une récitation. À la rigueur une
prière convenue. Elle est une femme comme ce poème est un chant, porté au
comble du poème comme elle-même est portée au comble d’une jeune femme qui serait
belle et amoureuse.
Elle n’est pas une
image, pas une icône, elle bouge, elle court, elle court, elle part, elle
revient, elle cherche, elle cherche son amour. Elle n’est pas l’image de
l’amoureuse mais l’amour en femme qui aime, qui désire, qui halète de désir car
il est beau son homme, et fort, et tendre. Comme, à l’aube, un berger
adolescent aux boucles noires environné de son troupeau, comme un seigneur
environné de ses hommes d’arme ou de la foule de ses concubines.
Ce poème ne s’appelle
pas cantique, comme ont fait de lui les hommes pieux, mais chant, comme des
poètes aimeraient faire. Et chant des chants, car il est chant d’amour, et
c’est l’amour qui toujours fait le chant.
Alors la
jeune-femme-poème – qui aime, de sa bouche jusqu’à son ventre, de son ventre
jusqu’à sa bouche – fait le poème, enlacée à son jeune-homme-poème qui aime de
même. Ils se le chantent les yeux dans les yeux, en appelant à tout ce qui est
beau en eux comme à tout ce qui est beau tout autour d’eux.
Ce qui est beau,
c’est une ville, c’est une chambre, ce sont des rues la nuit, c’est un pays, ce
sont des montagnes, des forêts. Et le plus beau des jardins. Le plus odorant,
le plus frais, le plus fleuri. Fruits désirables au palais, et milliers de roses
parfumées.
L’amour dans sa pleine liberté
C’est une toute jeune
femme, elle use de tous ses sens, dans l’amour. Elle regarde, elle écoute, elle
sent, elle goûte, elle touche. Une femme qui a des mains, une bouche, un ventre
dans l’amour.
Mais comme toujours,
des gens l’entourent, étrangers à l’amour. Des gardes du guet qui s’étonnent de
la voir courir la nuit dans les rues, d’autres filles qui posent mille
questions, qui se moquent. Rien de pire que les flics pour les amoureuses
errantes, ou que les autres filles qui regardent ton amoureux…
Passons là-dessus car
cette fille-là est poème, donc princesse tout autant que sauvageonne remontant
du désert, aussi brune que les terres perdues, suivie de ses chevrettes, ou
encore toute jeunette amoureuse couvée par sa mère.
Et comme elle est
libérale, cette mère que l’on quitte pour l’amour et que l’on vient librement
retrouver ! C’est fort étonnant. Mais voici le secret : il n’y a pas
de père. Il y aurait un père, imaginez… Car cette fille est celle que tout père
se hâterait d’enfermer, de cacher, de voiler. Sinon il serait mort de honte,
qui le respecterait ?
Mais heureusement il
n’y a pas de père, pas de loi car le poème est celui de l’amour dans sa pleine
liberté, et seuls s’y opposent à l’amour les errements de l’amour lui-même,
riche toujours d’allers et de retours, de pertes et de retrouvailles, de pleurs
et d’allégresse dans le retour, dans le revoir. À jouer de cela sert aussi le
voile de l’aimée.
Elle n’a pas de père
et elle n’a pas de nom, la Sulamite. Car choulamith
dirait plutôt qu’en elle, qui est amour, s’accomplit la paix, le chalom, qu’elle est, en d’autres termes, la
bienheureuse. En paix, la bienheureuse de Salomon, dira-t-on : ba-chalom, ha-choulamith
chel chelomo !
Les mots porteurs de ces
sons deviennent porteurs de sens, on est dans un poème, et quel !
« Le chant des chants qui est à Salomon », chir
ha-chirim achèr lichlomo…
–oOo–