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Cinquante-deux récits plus un, parus en feuilleton

sur ce site, du 1er décembre 2006 au 28 novembre

2007.

Ils présentent chacun une personne qui, parfois sans

que cela s’explique, m’a paru remarquable,

que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

En voici un exemplaire : 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                Le salut traditionnel d’un Maori (Nlle. Zélande) à sin ami indien Toba (Argentine) – Cévaa

                © Arno Gasteiger network.

 

        

On l’appelait Sampaix

 

À la voir, on aurait dit qu’il s’agissait d’un surnom, tant elle était vive et active, mais non, c’était bien son nom de famille, elle s’appelait Sampaix.

Elle ressemblait à Olive, la dulcinée de Popeye, mais en plus vieille, en tout cas pour moi qui n’avais que six-sept ans.

Elle montait nos quatre étages, faisait à chacun les quatre bises réglementaires, et se mettait à l’œuvre avec ma grand’mère, transformant en deux coups de cuiller à pot la salle à manger en atelier.

Parfois, son jules venait la chercher le soir, une armoire à glace en tricot de matelot à rayures, une gueule de boxeur, de grands bras ballants, et timide comme une pucelle.

Elles étaient blanchisseuses toutes les deux, ma grand’mère la patronne et Sampaix l’ouvrière – en réalité deux vieilles amies d’enfance.

D’abord élèves appliquées de mon arrière-grand’mère, puis travaillant à la boutique, l’Occupation régnant elles s’étaient installées à la maison.

C’est-à-dire dans le petit deux-pièces-cuisine où nous vivions à cinq.

Au jour dit, les clients, souvent des messieurs célibataires ou veufs que ma grand’mère accueillait cérémonieusement, apportaient leur linge, qui était trié et serré en grands ballots.

Puis l’une ou l’autre des deux femmes prenait le chemin du lavoir, un peu plus bas dans notre rue, lourdement chargée.

Pour un enfant c’était un lieu magique, ce lavoir, mais si l’on veut comprendre ce qu’il était pour la centaine de femmes qui y battaient le linge devant le canal d’eau courante, chacune dans son tonneau coupé, le mieux est de se reporter au début de ce roman de Zola, l’Assommoir.

Le jeudi, Sampaix m’y emmenait, je pouvais alors admirer longuement sa belle voix rocailleuse, lorsqu’elle poussait sa goualante avec les autres femmes, à la façon des Damia ou des Fréhel (Du gris, qu’on roule entre ses doigts…).

Ce sont les femmes que je trouve admirables, celles qui ont la vigueur, la santé, l’allégresse, la bonté de Sampaix.    

 

 

 

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