Poèmes de Jean Alexandre
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Les psaumes à l’os

ou les combats du juste 

 

Mars 2022

 

Les Psaumes bibliques revisités, resserrés et réécrits modestement selon une règle arbitraire.

Incommensurablement moins riches que les originaux

à certains égards, évidemment, ce ne sont pas des résumés mais des œuvres différentes, obéissant à une autre conception de l’écriture.

 

 

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D.R.

 

 

PRÉSENTATION

 

« Réinterpréter, c’est redécouvrir.

Cela demande à la fois de l’humilité

et d’oser dire : Me voici. »  

Haïm Korsia

 

Les poèmes présentés ici ne sont autres que les Psaumes bibliques revisités, resserrés et réécrits modestement selon une règle arbitraire de type oulipien. Il ne s’agit pas de résumés mais d’œuvres différentes, obéissant à une autre conception de l’écriture. Voici les raisons qui m’ont poussé à me lancer dans cette entreprise.

 

À la fin des années soixante du siècle précédent, peu après le Concile Vatican II, j’ai eu la chance et le bonheur de participer simultanément, en tant qu’hébraïsant, à deux équipes de traduction du livre biblique des Psaumes. Cela a duré environ sept ans.

J’avais commencé avec l’équipe placée sous la direction du père Joseph Gelineau sj, le musicien et liturge renommé. Elle avait pour but d’établir le texte d’un Psautier liturgique œcuménique qui fut, révisé, intégré bien plus tard à la Traduction liturgique officielle de l’Église catholique.

J’ai rejoint presque aussitôt l’autre équipe, celle des Psaumes de la Traduction œcuménique de la Bible, la TOB, animée par le pasteur André Lelièvre. Cette équipe comptait huit membres, quatre catholiques et quatre protestants, et se composait de spécialistes de la littérature hébraïque.  

Ces deux équipes travaillaient conjointement en ce sens que l’équipe liturgique suivait prioritairement les choix exégétiques de l’autre équipe.

Ce qui était passionnant, c’était ce travail de deux équipes qui poursuivaient conjointement deux objectifs différents à partir du même texte hébreu. La première s’attaquait à la recherche du sens exact du texte hébreu, la seconde à la possibilité d’une langue française propre aux Psaumes, à destination du premier venu.

La première, avec ses nombreuses notes, parlait plutôt à l’œil d’un lecteur assis, par le moyen d’une langue unie, précise et dénuée de recherche. La seconde supposait un auditoire possiblement non captif et privilégiait l’oreille, prenant en compte le rythme et la modulation du dire.

Un demi-siècle plus tard, ayant durablement usé des deux, ayant aussi beaucoup travaillé sur la question des rapports entre les Écritures saintes et la Parole de Dieu, j’ai été pris d’un doute méthodologique qui m’a porté à me demander quel type de relation les usagers croyants de ces traductions entretenaient avec ces Écritures.

 

C’est ce qui m’a poussé à reprendre ces poèmes anciens et à tenter de les faire parler autrement. Je m’en explique un peu plus loin. Il ne s’agit donc pas de refaire une traduction du livre biblique des Psaumes, on s’en convaincra facilement en les lisant ainsi réécrits. Il s’agit de créations nouvelles, personnelles, composées à partir de l’Écriture biblique.

Cela s’est fait en fonction de quelques choix liés au caractère arbitraire du cadre littéraire retenu, mais aussi et surtout à partir des conséquences d’un mode de relation avec les Écritures bibliques différent de celui qui est ordinairement pratiqué dans le milieu chrétien. Celui-ci cherche en quelque sorte à s’identifier à elles afin d’en tirer une spiritualité qui soit à la fois la sienne et la leur, serait-ce au prix d’un travail herméneutique confié aux savants spécialistes. Ils ne conçoivent pas vraiment qu’elles puissent leur être profondément étrangères.

Ils croient en particulier que leur dieu et celui des auteurs de ces textes est nécessairement le même, du moins pour l’essentiel. C’est à mes yeux ce qui pousse à traduire en fonction de cette distanciation absente. C’est pour moi une naïveté, le visage du dieu des Écritures bibliques étant celui auquel se référaient des populations pour nous antiques et lointaines, en fonction de leur histoire et de leurs cultures.

Cela a d’ailleurs notablement varié au long d’une rédaction conçue petit à petit au cours des siècles. La figure de Dieu, à la fois, est restée la même et a changé selon les temps et les circonstances. Un peu, toutes choses égales par ailleurs, comme ces personnages littéraires connus de tous et pour cela souvent réécrits ou filmés par des auteurs divers.

 

Mon point de départ est inverse : je considère chacun des écrits bibliques comme un interlocuteur particulier avec lequel je m’entretiens tel que je suis. Je le vois comme un étranger, profondément différent de moi, humain comme moi mais à la fois antique et géographiquement lointain. Notre relation est celle d’une rencontre entre inconnus bien disposés, elle va colorer aussi bien le livre en question que moi-même, et nous amener à changer d’avenir.

Amos, par exemple, ou Deutéronome, ont bien des choses, en effet, à m’apprendre quand nous parlons ensemble de notre Ami commun, et moi-même en ai autant pour eux, qui ne savent rien, ni de la suite de leur histoire, ni de nos conceptions du monde actuelles...

J’ai donc agi avec Psaumes en conséquence de ce principe. Ayant conversé avec lui, je présente ici ce qu’il a consenti à dire de lui à l’étranger que je suis ou, si l’on préfère, ce que j’ai retenu de cet entretien, ceci en fonction de mes capacités et de mes outils. 

 

Ceci posé, il me reste à souhaiter que la lectrice ou le lecteur aient le même bonheur à lire ces poèmes que celui dont j’ai joui en les écrivant.

Jean Alexandre

 

–oOo–

 

 

PREMIER LIVRE   DEUXIÈME LIVRE     TROISIÈME LIVRE    

Psaumes 1 à 41        Psaumes 42 à 72           Psaumes 73 à 89

 

QUATRIÈME LIVRE     CINQUIÈME LIVRE     COMMENTAIRES    

Psaumes 90 à 106             Psaumes 107 à 150          et enseignements                     

 

Psaume 119 (118)

Toutes les strophes

 

Précisions :

– dire tu, ici, c’est toujours dire Dieu

– on suit le compte du canon hébreu (les numéros du canon gréco-latin sont ajoutés en italique)

 

 

–oOo–

 

 

PREMIER LIVRE,

Psaumes 1 à 41

 

 

Psaume 1

 

Bonheur 

pour qui suit ta voie

 

le long de tes cours d’eau

loin de routes perdues

 

avancer

le pourrions-nous

sans un dire vrai ?

 

Psaume 2

 

Devant l’homme fort

vous tremblez 

 

que tremble

celui que ton dire effraie

 

sur la puissance

sans toi le juste

on se tromperait

 

Psaume 3

 

Hors de l’eau

ta main nous tient le menton

 

quand d’autres m’enfoncent

je me relève

 

si tu es là

je dors tranquille

viens !

 

Psaume 4

 

Je me couche et je dors

je suis heureuse 

 

tu prends notre peine

tu nous allèges

 

abandonner 

c’est inutile

je n’ai plus peur

 

Psaume 5

 

J’arrive

voici ta maison

 

à l’abri je m’y tiens

tu es là

 

des amis

pas de sang

là tu m’entends

                          

Psaume 6

 

Ébranlement

tremblements

 

j’ai peur

la nuit je pleure

 

tu nous entends

ton sourire

chasse les peurs

 

Psaume 7

 

Le danger vient

et je suis faible

 

accourras-tu ?

oui, tu es là

 

les voilà tous

ils nous harcèlent

nous environnent

 

Psaume 8

 

Les enfants le disent

– le ciel, une splendeur !

 

aussi la mer

et toute vie sur terre

 

devant toi

que sommes-nous ?

mais tu viens 

 

Psaume 9   compte grec et latin : 9a

 

Ils t’ignorent

pourtant tu règnes

 

lève-toi sur ces mauvais

soutiens les justes !

 

tu disparais

tu fais silence

la justice, où est-elle ?

 

Psaume 10   9b

 

Tu es juste

justice et justesse

 

tu les vois, les mauvais

il faut tout refonder

 

trop de violence

faut-il s’enfuir ?

vers où s’envoler ?

 

Psaume 11   10

 

Tu fais le tri

le violent tu le vois agir

 

on me dit de fuir

tel l’oiseau qui s’envole

 

je ne crains nulle tempête

je te verrai agir

quel autre refuge ?

 

Psaume 12   11

 

Mensonge sur mensonge

loi nouvelle

 

les maîtres de parole

ne font pas le dire vrai

 

silence du règne vrai ?

mais non

vient ton chant d’amour

 

Psaume 13   12

 

Tu te caches

encore combien de temps ?

 

tu nous oublies

tu ne nous réponds pas

 

mais tu nous aimes 

c’est notre socle

vienne ma joie !

 

Psaume 14   13

 

Tu n’es rien pour eux

les mauvais en profitent

 

pas un qui vaille

tu le vois

 

de ceux-là

vas-tu nous délivrer ?

tu nous accompagnes

 

Psaume 15   14

 

En toute chose devant toi

agir avec justesse

 

et tu habites parmi nous

et nous chez toi

 

ainsi fait-on du bien

ainsi chez toi

en toi nous vivrons 

 

Psaume 16   15

 

Dès aujourd’hui

je suis à toi

 

à ceux d’avant

je tourne le dos

 

c’est toi que j’aime

plénitude !

tu me fais vivre

 

Psaume 17   16

 

Tu m’as mise à l’épreuve

j’ai tenu

 

je t’appelle et tu réponds

tu me tiens à l’abri

 

tes ennemis nous cernent

des fauves

chasse-les !

 

Psaume 18   17

 

Je t’aime

tu m’aimes et tu m’as libéré

 

à toi qui sauves les humbles

je suis fidèle

 

tu nous délivres

et pour nos ennemis

tu es le feu du ciel

 

Psaume 19   18

 

Voici l’univers

il parle de toi

 

et notre soleil

il vient de toi

 

ta loi est leur maître

loi parfaite

elle nous illumine

 

Psaume 20   19

 

En sa détresse

soutiens notre messie !

 

fais-le vaincre

je le sais, tu le feras

 

pour les autres, les chars

pour nous, ton nom

nous tenons bon

 

Psaume 21   20

 

Notre messie exulte

tu lui as répondu

 

tu es vainqueur

il s’appuie sur toi

 

tu détruis ses ennemis

ils ne peuvent l’abattre

nous te faisons fête 

 

Psaume 22   21

 

À quoi m’as-tu abandonné ?

je suis perdu 

 

des fauves me cernent

tu me voues à la poussière

 

viens à mon aide 

– tu m’as répondu !

les pauvres seront heureux

 

Psaume 23   22

 

Au long du chemin

c’est toi qui nous mènes

 

mortels sont les ravins 

je ne crains aucun mal

 

tu nous attends

la table est prête

je vais vivre chez toi

 

Psaume 24   23

 

Le monde et sa richesse

tu l’as fondé sur les abîmes

 

qui a le cœur pur

rejoindra ton lieu saint

          

voici le dieu de l’univers

portes, élevez-vous

qu’il entre, le roi de gloire !

 

Psaume 25   24

 

Vers toi je m’élève 

je m’appuie sur toi

 

tu es bon, dirige-moi

qui peut te rejoindre ?

 

arrache-nous à la détresse

aux ennemis en nombre

nos yeux te cherchent

 

Psaume 26   25

 

Vois ma justice

éprouve-moi

 

je suis innocent

loin des accapareurs

 

j’aime ta maison

sur un sol sûr

nous te chantons

 

Psaume 27   26

 

Tu es ma lumière

ta maison m’attend

 

je ne crains nul méchant

à l’instant ils s’effondrent

 

tu dis cherchez-moi

nous verrons ta bonté

sur la terre des vivants

 

Psaume 28   27

 

Mon roc, je t’appelle

je meurs, réponds-moi

 

ne me livre pas aux criminels

ils n’ont rien compris

 

loué sois-tu

toi qui m’as entendu

sois notre force

 

Psaume 29   28

 

Qu’ils t’adorent

tous nos dieux

 

des forêts au désert

ta voix qui épouvante

 

nous crions gloire !

tu es roi pour toujours

tu donnes la paix

 

Psaume 30   29

 

Je te chante

tu m’as tiré de l’abîme

 

tu m’avais épouvanté

ta colère ne dure pas

          à quoi te servirait un mort ? 

mon deuil

s’est fait chant de fête

 

Psaume 31   30

 

Je me cache en toi

mon esprit en tes mains

 

prends pitié

pour tous je suis un mort

 

tu m’as écouté !

tu veilles sur les tiens 

en toi nous espérons

 

Psaume 32   31

 

Bonheur du pardon

pour nos erreurs

 

ta main pesait sur moi

j’ai tout reconnu

 

et tu effaces la faute

tu me montres la route

oh les cris de joie !

 

Psaume 33   32

 

Cris de joie 

musique et chansons !

 

tu parles et tout existe

et tu aimes la justice

 

ton projet s’accomplit

non celui de nos maîtres

tu veilles sur nous

 

Psaume 34   33

 

Louange pour toi

tu entends le cri des pauvres

 

tes anges sont là

combattant nos malheurs

 

écoutez l’enseignement 

notre maître vous est proche

il secourt le cœur brisé

 

Psaume 35   34

 

Attaque ceux qui nous attaquent

arrache le pauvre aux puissants

 

ils nous ont trahis

disperse-les tels le fétu

 

attrapés par leur propre piège

ils ne riront plus 

et nous te louerons

 

Psaume 36   35

 

L’erreur du méchant se révèle à moi 

il ne te craint pas 

 

ne se voit pas pécheur

ne renonce pas au mal

 

ton amour est un abîme

tu es source de vie

tu renverses les mauvais  

 

Psaume 37   36

 

N’enviez pas les méchants

ils fanent comme l’herbe

 

ils n’ont pas d’avenir

la terre ira aux doux  

 

choisissons la sagesse

tu protèges qui est droit

sa démarche te plaît

 

Psaume 38   37

 

Ta main m’a frappé

corrige-moi sans colère

 

mes erreurs me submergent

ma chair en est pourrie

 

je suis brisé

l’ennemi me harcèle

vite, à mon aide !

 

Psaume 39   38  

 

J’ai dit devant l’impie

je me tairai

 

mais j’ai parlé de toi

tu es mon espérance

 

devant toi je me tais

je ne suis qu’un souffle

détourne tes yeux 

 

Psaume 40   39

 

Je t’espérais

tu m’as tiré du gouffre

 

bonheur

pour qui s’appuie sur toi

 

tu n’as rien demandé

je t’ai dit je viens

tu nous rends heureux

 

Psaume 41   40

 

Bonheur

de qui pense au pauvre

 

tous me méprisent

ils souhaitent ma mort

                          

je t’ai dit guéris-moi

j’abattrai mes ennemis

rétablis-moi !

 

 

Fin du premier livre

 

Pour toujours

loué soit Mon seigneur

amen ! amen !

                          

                          

 

                          

 

DEUXIÈME LIVRE

Psaumes 42 à 72

 

 

Psaume 42   41

 

La biche qui a soif

cherche l’eau vive

 

je te cherche

j’ai soif du dieu vivant

 

de l’abîme à l’abîme

je me souviens de toi

pourquoi m’oublies-tu ?

 

Psaume 43   42

 

Défends ma cause

délivre-moi des traîtres

 

tu es ma forteresse

mène-moi vers ta demeure

 

tu es ma joie

je ne gémirai plus

tu me sauves

 

Psaume 44   43

 

Grâce à toi seul

nos pères ont pu s’imposer

 

tu chassais leurs ennemis

or tu nous humilies

 

nous ne t’avons pas trahi

viens à notre secours

c’est toi qu’ils attaquent !     

 

Psaume 45   44

 

Pour le roi

mon chant d’amour

 

il est beau et vaillant

il fait régner le droit

 

à lui les filles des rois

aimé de la plus belle

naît une lignée

 

Psaume 46   45                      

                          

Tu es avec nous

maître de l’univers         

 

citadelle 

toi le dieu de nos pères

 

de ta demeure inébranlable

refuge pour nous 

tu détruis la guerre

 

Psaume 47   46

 

Que tous t’acclament !

sonnez du cor pour notre roi

 

pour nous

tu soumets des nations

 

sur les païens assemblés

tu règnes

roi de la terre

 

Psaume 48   47

 

Tu es grand

sur ta montagne sainte 

 

des rois s’étaient ligués

leurs vaisseaux se sont brisés

 

dans ta ville 

tu donnes la victoire

notre dieu pour toujours

 

 

Psaume 49   48

 

Peuples, écoutez

j’use de sagesse

 

des riches m’encerclent

ils ne dureront pas

 

ils semblaient éternels          

la mort les mène paître

ne les craignez pas

 

Psaume 50   49

 

Tu nous enseignes ainsi

respectez mon alliance 

 

depuis les cieux

tu dis de l’infidèle     

 

il récite mes lois

mais il suit les mauvais

me croit-il comme lui ? 

 

Psaume 51   50

 

Aie pitié de nous

lave-nous de notre faute

 

contre toi seul

nous avons versé le sang

 

renouvelle notre esprit

relève nos murs   

nous danserons de joie

 

Psaume 52   51

 

L’homme fort

se glorifie du mal

 

il ourdit les paroles qui tuent

tu le ruineras

 

comme un bel olivier

en ta maison

je table sur ta fidélité

 

 

Psaume 53   52

 

Le fou dit Dieu n’est pas ! 

toi tu regardes les humains

 

pourris, dévoyés

ils mangent mon peuple

 

ils riaient

les voici qui tremblent

quand nous ramèneras-tu ?

 

Psaume 54   53

 

Dans ta puissance

entends notre prière

 

des étrangers puissants

se lèvent contre nous

 

ils ne pensent pas à toi

mais tu viens à notre aide

disparue notre angoisse

 

Psaume 55   54

 

Écoute ma prière

le cri de l’ennemi m’effraie

 

discorde dans la ville

trahison des alliés

 

crainte et tremblement

le traître peut séduire

mais je m’appuie sur toi

 

Psaume 56   55

 

Pitié !

on s’acharne sur nous

 

si ton armée combat pour nous

plus rien ne nous fait peur

 

nous faire du mal

c’est ce qu’ils cherchent

tu es pour nous

 

Psaume 57   56

 

Lève-toi pour moi

réfugié sous tes ailes 

 

j’étais environné de fauves

ils ont chu dans leur propre piège

          

je veux chanter

éveiller l’aurore

lève-toi sur les cieux !

 

Psaume 58   57

 

Juges qui bâillonnez la justice

vous nourrissez la violence

 

leurs oreilles sont bouchées

tels le serpent

 

brise-leur les dents

ah se laver dans leur sang !

il vit, le dieu qui juge

 

Psaume 59   58

 

Délivre-moi des criminels

ils se jettent sur nous

 

des chiens grondants

mais d’eux, tu ris

 

vient le dieu de mon amour

je chanterai sa force

tu es notre rempart

 

Psaume 60   59

 

Tu nous as rejetés

le pays est disloqué

 

sauve tes bien-aimés

tu abandonnes nos armées !

 

mais tu as dit

j’écrase du pied l’agresseur

avec toi nous vaincrons

 

Psaume 61   60

 

Nous sommes au loin

tu entends notre plainte

 

nous vivrons chez toi

tu nous y conduiras

 

le roi siègera devant toi

amour et vérité

et nous te chanterons

 

Psaume 62   61

 

Je ne suis sauf qu’en toi

ma citadelle

 

vous cherchez à m’abattre

à me déshonorer

 

souffle sont les humains

mensonge

la force est en toi

 

Psaume 63   62

 

Tu es mon dieu

ta main me soutient

 

je te cherche dès l’aube

la nuit longuement je te parle

 

tu es venu à mon secours

que crèvent les menteurs 

le roi se réjouira

 

Psaume 64   63

 

Écoute mon cri

protège-nous de l’ennemi

 

leur langue, une épée

leur parole, une flèche empoisonnée

 

ta flèche les confond

les témoins en sont saisis

joie et refuge pour le juste 

 

Psaume 65   64

 

Toute chair vient à toi

ses fautes pardonnées

 

tu calmes le vacarme de la mer

tu effraies les peuples lointains

      

tu bénis les semailles

l’abondance ruisselle

oh les cris de bonheur !

 

Psaume 66   65

 

Toute la terre chante pour toi 

elle célèbre tes exploits 

 

tu nous avais mis à l’épreuve

tu nous en as tirés plus riches

 

je tiendrai mes promesses

je dirai le bien que tu m’as fait

tu n’as pas écarté ma prière

 

Psaume 67   66

 

Fais-nous grâce

toute la terre connaîtra tes voies

 

que les peuples te chantent 

tu gouvernes la terre avec justesse

 

elle a produit son fruit

tu nous rends heureux

qu’elle t’adore !

 

Psaume 68   67

 

Tu te lèves, l’ennemi se disperse

buée, cire qui fond

 

tu défends le malheureux

que les justes te chantent !

 

dieu des victoires

tu nous dis soyez forts 

que tu es redoutable !

 

Psaume 69   68

 

Sauve-moi, je me noie

on me hait sans raison

 

à travers moi on t’insulte

arrache-moi à la boue

 

vienne sur eux ta fureur

que je me redresse 

que les pauvres te fêtent !

 

Psaume 70   69

 

Vite, à mon secours 

ils s’en prennent à ma vie

 

honte sur eux

qui cherchent mon malheur

 

joie pour qui te cherche

qui te dit tu es grand 

mais viens vite !

 

Psaume 71   70

 

En toi j’ai mon refuge

libère-moi du violent

 

maintenant je suis vieux

ne m’abandonne pas

 

tu reviendras me consoler

joie de mes lèvres

elles parlent de toi

 

Psaume 72   71

 

Donne au roi tes pouvoirs

qu’il fasse droit au malheureux

 

qu’il écrase l’oppresseur

que la terre soit champ de blé

                          

les rois viendront à lui

que soit heureuse ainsi

toute famille de la terre

 

 

Fin du deuxième livre

 

Loué soit Mon seigneur

lui seul fait des merveilles

amen ! amen !

 

 

 

 

 

TROISIÈME LIVRE

Psaumes 73 à 89

 

 

Psaume 73   72

 

Tu es bon pour nous

moi je perdais pied

 

mon cœur s’aigrissait

jaloux des superbes

 

mais j’ai su leur avenir

eux sont anéantis

moi je reste avec toi

 

Psaume 74   73

 

Sans fin tu nous rejettes

pourquoi ?

 

nous étions à toi

l’adversaire a tout cassé

 

toi qui fendis la mer

toi qui es notre roi

quand te défendras-tu ?

 

Psaume 75   74

 

À toi nous rendons grâce

tu juges avec droiture           

 

aux arrogants tu dis

baissez la tête !

 

le relèvement

ne vient ni d’ici, ni de là

c’est toi qui décideras

 

Psaume 76   75

 

Tu as brisé la guerre

l’épée, le bouclier

 

à Sion, la ville sainte

tu t’es fait entendre

 

quand tu te lèves

c’est pour sauver les humbles

les rois de la terre font silence

 

Psaume 77   76

 

Dans la détresse je crie vers toi

la nuit je gémis

 

ne feras-tu que rejeter ?

tu as changé

 

au fracas du tonnerre

au travers de la mer

tu libérais ton peuple

 

Psaume 78   77

 

Qu’on enseigne aux enfants le récit

où tu donnais ta loi

 

où tu ouvrais la mer

où nos pères, au désert, se rebellaient

 

où tu frappais l’Égypte      

nous donnais ce pays et Sion 

et choisissais David

 

Psaume 79   78

 

L’infidèle a envahi Jérusalem

versé le sang comme de l’eau

 

efface nos fautes

aide-nous, tous se moquent

 

ils disent où est leur dieu ?

déverse sur eux ta fureur

nous te chanterons

 

Psaume 80   79

 

Berger d’Israël, écoute

fais-nous revenir      

 

replante ta vigne

le sanglier la dévore

 

dieu de l’univers      

tu nous fait pleurer

reviens !

 

Psaume 81   80

 

Cris de joie pour toi 

son du cor pour la fête 

                          

mais tu dis

ils n’ont pas voulu de moi

 

vous appeliez, je vous sauvais

j’humiliais vos ennemis 

ah si vous m’écoutiez !

 

Psaume 82   81

 

Tu gouvernes

tu dis aux dieux assemblés

 

combien de temps encore 

gouverner sans justice ?

 

libérez le faible et le pauvre

comprenez

ou mourez tels des humains

 

Psaume 83   82

 

Ne reste pas silencieux

vois nos voisins, tes ennemis

 

ils s’allient contre toi        

ils disent à nous son domaine

                          

balayés

qu’ils servent de fumier 

qu’ils sachent qui tu es !

 

Psaume 84   83

 

J’aime tes demeures

toi le dieu de l’univers

 

l’hirondelle vole vers son nid

moi vers ton lieu saint

 

tu es mon soleil

heureux qui trouve ce chemin

non la voie des infidèles

 

Psaume 85   84

 

Tu as aimé ce pays

tu as pardonné à ce peuple

 

fais-nous revenir

j’écoute, que diras-tu ?

 

ce que tu dis c’est la paix

amour et vérité ensemble

justice et paix s’unissent

 

Psaume 86   85

 

Écoute-moi, je t’appelle

je suis pauvre et malheureux

 

dans ton amour, rassemble-moi

que je marche avec toi

 

dieu de tendresse et de pitié

dieu lent à la colère

sauve-moi de mes ennemis

 

Psaume 87   86

 

Fondée sur les montagnes

tu aimes Sion plus que toutes

 

on naît ici ou là

mais on dit d’elle c’est ma mère

 

le très-haut la conduit

tous, nés ailleurs, aiment dire 

nos sources sont en elle

 

Psaume 88   87

 

En cette nuit, au bord de l’abîme

je crie vers toi

 

tu m’as descendu dans la fosse

je tends les mains vers toi

 

depuis la tombe

qui parlera de ton amour ?

je n’en peux plus

 

Psaume 89   88

 

À toi le ciel, à toi la terre 

et tu as dit j’ai choisi David !

 

tu as dit voici mon fils

je chante ta fidélité 

 

ses fils t’avaient trahi

tu as brisé ton alliance

reviens à ton messie !

                          

                          

Fin du troisième livre

 

Loué soit Mon seigneur

pour toujours

amen ! amen !

                          

 

 

 

 

QUATRIÈME LIVRE

Psaumes 90 à 106                   

 

 

Psaume 90   89

 

tu es Dieu

pour toi mille ans sont comme hier

 

nos jours, peine et misère

nous retournons à la poussière

 

ta colère est sur nous

viens à nous dans ta douceur

rends forte l’œuvre de nos mains

 

Psaume 91   90

 

Je me tiens à l’ombre de tes ailes

refuge sûr

 

nul danger, nulle peur

nulle flèche ennemie

 

tes anges nous portent                 car tu as dit de nous

ils connaissent mon nom

 

Psaume 92   91

 

J’aime chanter ton nom

du matin jusqu’à la nuit 

 

tes œuvres si puissantes

et tes pensées profondes

 

l’insensé n’y comprend rien

il fleurit puis dépérit

le juste reste vert

 

Psaume 93   92

 

Tu es roi

vêtu de force et de magnificence

 

le monde est stable, comme ton trône  

depuis toujours, tu es

 

le fracas des flots s’élève ? 

tu resplendis 

mon seigneur pour toujours

 

Psaume 94   93

 

Dieu vengeur, parais !

ils écrasent ton peuple

 

ils égorgent, ils assassinent

te croyant aveugle et sourd

 

si tu n’es pas notre secours 

qui se lèvera pour nous ?

tu les feras taire

 

Psaume 95   94

 

Cris de joie pour toi

cantiques pour le grand roi

 

dans tes mains, les abîmes

jusqu’au sommet des monts     

 

entrez et adorez      

sans le trahir comme jadis

tu ne voulais plus de nous

 

Psaume 96   95

 

Chantez, toute la terre

pour toi un chant nouveau

 

tu as fait l’univers

néant sont tous les dieux

 

tu viens juger avec justice

le monde entier danse de joie

nations, célébrez-le

 

Psaume 97   96

 

Tu es roi, le monde tremble

les îles lointaines exultent 

 

tu parais dans le tonnerre, les éclairs   

le droit et la justice s’avancent

 

les cieux les proclament 

joie pour Sion  

lumière pour le juste      

 

Psaume 98   97

 

Que l’on chante pour ta victoire

un chant nouveau 

 

la terre entière a vu ta justice

à nous, tu as montré ton amour

 

sonnez, jouez, chantez

fleuves, montagnes, et la mer !

tu viens pour régner

 

Psaume 99   98

 

Tu es roi

tremblent les peuples et la terre

 

tu gouvernes depuis Sion

justice et droiture

 

nos anciens t’appelaient

ta loi fut ta réponse 

notre dieu tu es saint

 

Psaume 100   99

 

Que la terre t’acclame tout entière

et vienne à toi avec des chants de joie

 

tu es Dieu, tu nous as faits

nous sommes à toi, ton troupeau

 

venez dans sa maison !

oui, tu es bon

éternel est ton amour

 

Psaume 101   100

 

Chanter le droit et la fidélité   

avancer vers l’intégrité

 

c’est mon vœu, le cœur intègre

quand viendras-tu à moi ?

 

je haïrai les coupables

je les ferai taire

je ne regarderai que les fidèles

 

Psaume 102   101

 

Viens vite 

entends-moi, je hurle

 

sec comme l’herbe fauchée

seul comme un corbeau dans un désert

 

mais tu es là

l’ennemi s’use à m’outrager

toi tu demeures

 

Psaume 103   102

 

Loué sois-tu !

je n’oublie rien de tes bienfaits

 

pour nous tu es tendresse et pitié

tu sais que nous sommes poussière

 

pour qui respecte ton alliance

tu gardes ton amour de père

que tes anges te louent !

 

Psaume 104   103

 

Loué sois-tu !

maître du ciel, des monts et de la mer 

 

maître des terres propices

généreuses pour l’humain et les bêtes

 

quelle profusion 

quelle puissance est la tienne 

gloire à toi à tout jamais !

 

Psaume 105   104

 

Louange pour tes hauts faits 

tu nous as donné la terre des nations

 

promesse que tu as tenue

d’Abraham à Moïse

 

tu nous libérais de l’Égypte

tu nous donnais tes lois 

louange à toi !

 

Psaume 106   105

 

Que l’on te rende grâce 

éternel est ton amour !

 

nous te trahissions toujours

toujours tu nous punissais

 

et toujours tu revenais à nous

aujourd’hui encore, sauve-nous

sors-nous de chez les infidèles

 

 

Fin du quatrième livre

 

Loué soit Mon seigneur, dieu d’Israël

depuis toujours et pour la suite des temps

amen ! amen !

 

 

 

 

 

CINQUIÈME LIVRE

Psaumes 107 à 150

 

 

Psaume 107   106

 

Éternel est ton amour

tes rachetés le constatent

 

sur la mer, dans le désert

dans les fers, sous le mépris

 

ils ont crié vers toi

tu les as tirés de là

et l’injuste a dû se taire

                          

Psaume 108   107

 

Je te chante, toi ma gloire

ma harpe éveille l’aurore

 

pour ton amour, ta vérité

broie ceux qui nous encerclent

 

lève-toi et libère nous

toi qui nous rejettes

avec toi nous les piétinerons 

                          

Psaume 109   108                   

 

Parle, toi que je loue 

je suis pauvre et malheureuse

 

ils m’accusent, demandent ma mort

ils ne sont que malédiction

 

mon cœur est blessé

aide-moi, sauve-moi,

les pauvres te loueront

 

Psaume 110   109      

 

Oracle pour le roi :

″Siège à ma droite !

 

″tu es prince à jamais       

″prêtre, comme le roi Melkisédek

 

″comme la rosée de l’aurore

″je t’ai engendré

″je briserai tes ennemis″

                          

Psaume 111   110

 

Louez-le

dans l’assemblée des justes !

 

tu es tendresse et pitié                  

te craindre est le début de la sagesse

 

tu te souviens de ton alliance

tu nous offres le lot des nations

ton œuvre n’est que splendeur

 

Psaume 112   111

 

Louez-le !

heureux qui te craint

 

et heureuse la lignée du juste

les richesses affluent dans sa maison

 

l’impie le voit et s’irrite

l’homme de bien est confiant

il donne aux pauvres

 

Psaume 113   112

 

Louez-le !

heureux sois-tu maintenant et toujours

 

tu domines tous les peuples

qui est semblable à toi ?

                          

tu relèves le pauvre

il siège parmi les princes

et la femme stérile, elle enfante 

 

Psaume 114   113a

 

Louez-le !

les monts bondirent, la mer s’enfuit

 

quand Israël sortit d’Égypte

quand il devint ton sanctuaire

 

pourquoi bondir et fuir ?

tremblez plutôt devant lui

il change le roc en fontaine

 

Psaume 115   113b

 

Non pas à nous la gloire

à toi, pour ton amour et ta vérité !

 

le païen dit où est leur dieu ?

dans le ciel, tout ce qu’il veut il le fait

 

les morts ne te louent pas

qu’Israël place en toi sa foi

tu te souviens, tu béniras

 

Psaume 116   114 et 115

 

Louez-le !

je t’aime, tu entends ma prière

 

j’étais dans les liens de la mort

j’étais faible, tu m’as sauvé

 

tu souffrais de nous voir morts

tu as brisé nos chaînes

comment te rendre cela ?

 

Psaume 117   116

                          

vous tous les peuples

louez-le 

 

toutes les terres

fêtez-le

                          

ton amour envers nous                 

s’est montré le plus fort                   

ta fidélité est éternelle !

 

Psaume 118   117

 

Louez-le !

éternel est ton amour

 

j’ai crié vers toi, tu m’as répondu

la pierre rejetée devenue fondation

      

rameaux en main

à l’autel nous t’acclamons

heureux soit celui qui vient !

 

Psaume 119   118

(cliquer ici pour lire toutes les strophes)

Bonheur

de qui aime ta loi 

 

depuis alef et jusqu’à taw

ou jusqu’au z depuis le a !

 

fais-nous vivre par elle

place ta paix sur notre route

et prends-nous avec toi

 

Psaume 120   119

 

Dans ma détresse, j’ai crié vers toi

tu m’as répondu

 

je dois vivre en exil

délivre-moi de leur langue perfide

 

je ne veux que la paix

chez eux, quand je parle

ils cherchent la guerre

 

Psaume 121   120

 

Je lève les yeux vers les montagnes

d’où me viendra le secours ?

 

il me viendra de toi

qui as fait le ciel et la terre

 

tu ne dors pas, tu me gardes 

tu te tiens près de moi

à mon départ comme au retour

 

Psaume 122   121      

 

Joie quand on m’a dit

allons à sa maison 

 

Jérusalem, où montent tes tribus 

maison de David, siège du droit !

 

à cause de ton temple

je dirai paix sur elle !

j’aspire à son bien

 

Psaume 123   122

 

Tu règnes depuis le ciel

je lève les yeux vers toi

 

tels les yeux de l’esclave

fixés sur la main de son maître

 

pitié pour nous !

du rire des arrogants

nous sommes rassasiés

 

Psaume 124   123

 

Sans toi qui étais avec nous

le torrent nous submergeait

 

tu es notre secours

les hommes nous avaient attaqués

 

nous nous sommes échappés

tels l’oiseau qui s’échappe

quand le filet se rompt      

 

            

Psaume 125   124                   

 

Qui s’appuie sur toi

comme Jérusalem devient inébranlable

 

comme les montagnes autour de Sion

tu entoures ton peuple

 

Les impies n’y règneront pas

ils abuseraient les justes

paix sur Israël !

 

Psaume 126   125

 

Quand tu as ramené les captifs

c’était comme un rêve !

 

rires et cris de joie

quelles merveilles tu fais !

 

qui sème dans les larmes

moissonne dans la joie

tels un torrent ramène-les !

 

Psaume 127   126

 

Si tu ne bâtis la maison

à quoi bon s’échiner ?

 

tu combles ton aimé quand il dort

heureux l’homme que tu armes 

 

tu lui donnes des fils

flèches aux mains d’un guerrier !

il ne sera pas humilié

 

Psaume 128   127

 

Heureux qui suit tes voies

nourri du travail de ses mains

 

sa femme, une vigne généreuse

ses fils, des plants d’olivier

 

qui te craint est heureux

il verra les fils de ses fils

il verra le bonheur de Sion

 

Psaume 129   128                   

 

Que de mal ils m’ont fait !

ils ne m’ont pas soumis

 

ils m’ont labouré le dos

tu as brisé leur attelage

 

qu’ils soient humiliés, rejetés

herbe desséchée

on ne saurait les dire heureux

 

Psaume 130   129

 

Du fond de l’abîme je crie vers toi

écoute mon appel

 

si tu te souviens des fautes

qui subsistera ?

 

je t’espère de tout mon être

plus qu’un veilleur l’aurore

tu es amour et pardon

 

Psaume 131   130

 

Je n’ai pas le cœur fier

ni ne vise de grands desseins

 

tu le sais

je reste égal et silencieux

 

qu’Israël t’espère

tel l’enfant contre sa mère

maintenant et pour toujours

 

Psaume 132   131

 

Souviens-toi de David

il a respecté son serment

 

tu as fait choix de Sion

viens habiter ton lieu saint

 

ne repousse pas ton messie

tu l’as juré à David

ses fils règneront après lui

 

Psaume 133   132

 

Qu’il est bon pour des frères

de vivre unis tous ensemble

 

c’est comme un baume

parfum pour la barbe d’Aaron

 

comme une rosée de l’Hermon

sur les collines de Sion

de là tu nous promets la vie

 

Psaume 134   133

 

Heureux sois-tu !

que ceux qui te servent le disent

 

au long des nuits

ils veillent sur ta maison

 

mains levées vers le lieu saint

qu’ils te disent bienheureux

toi qui as fait le ciel et la terre

 

Psaume 135   134

 

Que tes servants te louent 

tu es plus grand que tous les dieux

 

toi qui commandes à la tempête

eux qui n’entendent ni ne voient

 

tu as choisi Jacob

tu as frappé les plus grands rois

sois dit heureux d’âge en âge

 

Psaume 136   135

 

Que l’on te rende grâce

éternel est ton amour

 

tu as fait les cieux et la terre

éternel est ton amour

 

tu as sauvé ton peuple

l’arrachant à l’oppresseur

éternel est ton amour

 

Psaume 137   136

 

Au bord des fleuves de Babylone

nous pleurions au souvenir de Sion

 

ils nous ont dit de te chanter

comment te chanter de si loin ?

 

ils ont détruit ton lieu saint 

heureux qui saisira leurs enfants

pour les briser contre le roc

 

Psaume 138   137

 

Devant tes anges je te rends grâce

pour ton amour et ta vérité

 

les rois de la terre te rendent grâce

lorsqu’ils entendent tes paroles

 

si haut que tu sois

tu vois le plus humble

ta force le rend vainqueur

 

Psaume 139   138

 

Tu sais tout de moi

où que je sois tu me conduis

 

les ténèbres m’écrasent

pour toi la nuit est lumière 

 

tu m’as formé, tu me connais

éprouve-moi

je hais tes ennemis

 

Psaume 140   139

 

Délivre-nous du violent

vipère qui aspire au mal

 

ils méditent notre chute

ils nous tendent des pièges

 

tu es notre dieu

tu les jettes à la fosse

aux pauvres tu fais droit

 

Psaume 141   140

 

Je t’appelle, accours vers moi !

le parfum de ma prière monte vers toi 

 

garde-moi d’imiter les mauvais

eux font du mal, moi je prie

 

ils prenaient plaisir à ma douleur 

je résiste à leur parfum   

tu es mon refuge  

 

Psaume 142   141

 

À pleine voix je crie vers toi

un piège m’est tendu et nul refuge

 

je crie vers toi, mon refuge

sors-moi de ma prison 

 

sur la terre des vivants

toi mon abri, tu me sauves

les justes te rendront grâce

 

Psaume 143   142

 

Écoute-moi, ne me condamne pas

aucun humain n’est juste

 

l’ennemi me mène chez les morts

je suis à bout de souffle

 

que ton souffle me mène

délivre-moi et conduis-moi

par ton souffle fais-moi vivre

 

Psaume 144   143

 

Heureux sois-tu, toi mon rocher

mon allié, ma forteresse

 

qu’est-ce que l’humain

pour que tu comptes sur lui ?

 

incline les cieux et descends

libère-nous de l’étranger

comble-nous !

 

Psaume 145   144

 

Je t’exalterai, mon dieu et mon roi

tu es grand, sans limite

 

je redirai tes immenses bontés

ta gloire et l’éclat de ton règne

 

tu es vrai, tu es fidèle

tu soutiens ceux qui tombent

tu garderas ceux qui t’aiment

 

Psaume 146   145

 

Louez-le

je te chanterai tant que je vivrai

 

ne comptez pas sur les humains

sur les puissants

 

pauvre, opprimé ou étranger

heureux qui s’appuie sur toi

tu as fait le ciel et la terre

 

Psaume 147   146 et 147

 

Louez-le

tu rebâtis Jérusalem

 

tu comptes le nombre des étoiles

tu élèves les humbles

 

tu fais régner la paix

ta parole parcourt la terre

tu la révèles à Israël

 

Psaume 148

 

Louez-le

vous tous ses anges dans les hauteurs

 

soleil et lune, astres de lumière

cieux des cieux, eaux des hauteurs

 

louez-le, monstres des abîmes

montagnes et collines

rois et peuples de la terre

 

Psaume 149

 

Louez-le

chantez pour lui un chant nouveau

 

car tu aimes ton peuple

les humbles chantent ta victoire

 

tirer vengeance des nations

charger leurs rois de chaînes

c’est la fierté de tes fidèles

 

Psaume 150

 

Louez-le

louez-le dans son temple saint

 

au son du cor, de la harpe, des flûtes

des cymbales triomphantes

 

et que tout être vivant

célèbre ta grandeur

louez-le !

 

 

–o0o–

 

 

COMMENTAIRES ET ENSEIGNEMENTS

 

– Ne cherchant pas à produire une énième traduction des Psaumes bibliques, je me suis inspiré, la plupart du temps, de la langue française du Psautier, version œcuménique, texte liturgique à la traduction duquel j’ai longuement et passionnément collaboré en son temps (Éditions du Cerf, Paris, 7ème édition, 1990). 

 

– Le moule canonique de ces poèmes se compose de deux distiques et d’un tercet mis en retrait, soit sept vers brefs jouant sur le binaire et le ternaire. Je l’avais utilisé naguère un peu différemment dans un recueil intitulé Versets par sept et dont le thème, non biblique, était l’énigme (recueil intégré dans le recueil de recueils antérieurs intitulé Chants et déchants, Éditions Lambert-Lucas, Limoges, 2005). Ce cadre m’avait convenu, d’une part parce qu’il m’obligeait par lui-même à discipliner l’effort consistant à chercher l’essentiel du dire à retravailler, d’autre part parce qu’il offrait un point de vue commun à la diversité des thèmes présents dans le livre de départ.  

 

– Ces poèmes sont à lire de préférence à mi-voix parce qu’ils sont par nature des paroles, se tenant dans l’oralité ; et aussi parce que leur dire est le plus souvent profondément personnel. En un sens, on les dit à un dieu qui se tient dans l’intime. Cela est évidemment paradoxal puisqu’ils évoquent souvent, à première vue, un divin céleste et impérial, mais l’intention qui porte ces réécritures consiste précisément à distinguer leur point de vue et le nôtre, à nous qui nous sommes aujourd’hui, du moins je le pense, éloignés culturellement de cette représentation. Ou devrions l’être à mon sens. Ceci dit, l’intime n’est pas nécessairement fâché avec le règne, la puissance et la gloire du moment qu’en son for intérieur, il réserve ces figures au divin.

 

Sur quelques choix de ″traduction″ :

 

– On considère ici l’ensemble des psaumes comme des poèmes d’amour, d’où le choix de toujours dire tu au lieu de, par exemple, le Seigneur. D’autant que la plupart du temps, ce dernier terme voulait traduire le nom propre de Dieu, YHWH, rendu à l’oral par Adonaï, Mon-seigneur (et non le Seigneur). Un humain parle amoureusement au partenaire divin dont il connaît le nom et dont il est le fidèle. Le thème des rapports du je et du tu dans l’aire de pensée judéo-chrétienne est bien connu, surtout depuis la parution en Allemagne du livre central de Martin Buber, Je et Tu (Ich und Du, 1923 ; quatrième édition française chez Aubier en 2012). 

 

– Le je des psaumes bibliques est souvent pris en réalité pour un nous. C’est alors le peuple des fidèles qui s’exprime à la première personne. On a voulu insister ici sur ce collectif, y compris en allant jusqu’à féminiser parfois ce je de force, ceci compte tenu de nos mœurs actuels.

 

– L’une des questions posées au croyant par les Psaumes bibliques est celle de la haine et de la violence qui s’y expriment souvent. Cela est incompréhensible si l’on considère la Bible comme la source d’une spiritualité de l’amour conçu au sens de bénévolence universelle. Mais le psalmiste résiste : il se voit souvent, lui et son peuple, non sans raison, dans la situation du petit dévoré par un grand et gros méchant. C’est à cela qu’il réagit, exhalant sa peur, sa honte, sa haine et sa violence. Pour m’être trouvé enfant dans une situation analogue, je comprends cela. Il m’est plus proche ainsi que s’il revêtait l’image anachronique de l’agneau de Dieu. David n’est pas saint Jean. Aussi n’ai-je pas manqué de souligner cela dans mon entreprise de réduction plutôt que de l’atténuer ou l’effacer.  

 

Ce que j’ai appris

 

Chemin faisant, j’ai appris sur les Psaumes. Rien de neuf, en fait, mais une plus grande intensité, pour moi, de quelques thèmes récurrents.

– Le premier enseignement se rapporte au choix du terme bonheur en tant que premier mot de l’ensemble du livre, dans lequel on le retrouve une bonne dizaine de fois – achréi… : plus précisément bonheurs de qui…

C’est une façon de colorer tout le recueil, de mettre chacun de ses poèmes sous ce signe. Cette relation qui lie le dieu et le psalmiste est pour ce dernier, de façon paradoxale, un bonheur, quoiqu’il arrive, quels que soit les peines et les malheurs souvent évoqués.

À condition toutefois que le fidèle… le reste ! Qu’il se maintienne fidèlement dans son statut de partenaire. Je reviendrai plus bas sur ce sujet.

Une coutume avérée de la tradition littéraire en question consistait à citer un livre en utilisant son premier mot ou groupe de mots, valant pour nous comme titre. C’est ainsi qu’on appelle beréchîth (en un commencement) le livre de la Genèse parce que c’en est le premier mot, ou wayyiqra  (et il a appelé) le livre du Lévitique, pour la même raison ; etc.

Or ceux qui ont rassemblé et publié l’ensemble des Écritures hébraïques de la Bible ont préféré donner le titre de tehillim à ce livre-ci. C’est un terme intéressant car il a au moins deux sens : louange ou glorification, et gloire. Deux façons de dire la même chose mais selon qu’on se place du point de vue de celui qui loue ou de celui qui est loué.

Les termes qui évoquent la louange figurent parmi les plus usités du recueil. D’où sans doute le choix de ce titre, qui correspond à une valeur centrale de la piété biblique.      

Il m’est donc apparu que, selon ces psaumes, la louange est à mettre en relation avec ce bonheur quoi qu’il arrive dont il est question plus haut. Où l’on voit que, malgré la multitude des affects, des pleurs et des supplications dont le livre regorge, mis dans la bouche du fidèle, ce n’est pas ce dernier qui compte, mais bien Celui dont il célèbre la gloire.

Louer Dieu, le dieu seigneur des Hébreux, est en soi un bonheur. C’est lui le héros de l’histoire, et sa gloire, oserai-je dire alors, est la condition performante du sort heureux de sa Création et, partant, du peuple et du fidèle qui le louent. Même si le fidèle attend de cela des résultats bénéfiques pour lui, il s’agit au fond d’un bonheur au second degré et souvent à portée ultérieure, comme pour une espérance assurée.

– L’enseignement suivant, c’est l’autorisation que le psalmiste s’octroie de parler librement à son dieu comme un vis-à-vis plus que comme un demandeur. Il exige même de lui. Certes, je force à dessein le trait, s’il le fait c’est la plupart du temps sur le mode de la prière, mais une sorte d’autorité morale pointe pourtant de temps en temps, qui en dit long. Il s’agit pour lui de mettre son partenaire divin devant ses responsabilités, d’exiger de lui d’être cohérent ou de mettre ses propres paroles en pratique…

Cela m’évoque ce dialogue fameux mettant en scène un Abraham qui fait la leçon au Seigneur-Dieu à propos du sort de Sodome (Genèse 18.16-33).

Peut-être faut-il rappeler de quel mode de relation il s’agit. De celui que l’on connaît sous le terme d’alliance – hébreu berith, grec diathèkè, latin testamentum –, mais encore ? C’est un contrat, signé entre le dieu, à son initiative, et un groupe humain choisi par lui. À mon sens, il prévoit les règles qui valident la survie et l’autonomie de ce groupe dans son aire d’existence propre au sein d’un monde possiblement inamical. Ce contrat se place à l’intérieur de l’aire d’existence d’une seigneurie de type royal.

Le groupe humain en question joue alors le rôle d’un vassal (l’hébreu le nomme serviteur) à l’égard de son unique seigneur, et le lien qui maintient dans cette relation ces deux partenaires est personnel. Il est désigné en hébreu par le mot ‘hèsèd, difficile à traduire par un seul terme en français.

Il s’agit d’une solidarité réciproque, exclusive et personnelle, venant de l’un en tant que seigneur, et de l’autre, en réponse, en tant que serviteur. Ce dernier terme n’étant pas entendu sur le mode servile, mais plutôt sur celui de la fidélité (‘hèsèd) d’un obligé qui est aussi un compagnon. De même, le terme de seigneur ne doit pas évoquer seulement un pouvoir mais aussi une attention agissante, positive (‘hèsèd), à l’égard de son serviteur.

C’est cette relation qui explique la liberté de ton du ″serviteur″ à l’égard de son ″seigneur″ : ils sont en symbiose, liés ensemble en tous les domaines par ce lien particulier, structurel et interpersonnel : fidélité, grâce, faveur, etc. Amour, finalement, ou amitié, mais avec une coloration très pratique, celle de l’entraide à la vie à la mort. D’où la présence dans d’autres écrits bibliques du thème d’un couple marital formé par le dieu et son peuple.

C’est sans doute cette proximité qui explique la familiarité du fidèle ou du peuple choisi à l’égard de son dieu. C’est en tout cas ce qui m’est apparu plus précisément que d’habitude.

 

– Un autre enseignement concerne l’identité, telle qu’elle s’exprime dans la logique du psalmiste, entre la figure du pauvre, du maltraité, du persécuté… et lui-même. C’est ce qui a permis à ces poèmes/prières de passer dans une large mesure du particulier à l’universel. Cela, néanmoins, grâce à une moralisation, une psychologisation et une ″spiritualisation″ qui les déplacent, les éloignant de leur esprit, qui est particulièrement concret.

Pour eux, en effet, les choses, les événements, les dires sont ce qu’ils sont, ils ne sont pas ″des façons de parler″, des images d’une autre réalité, d’une échappée de nature céleste. Ils sont terriblement contondants. C’est pourquoi, par exemple, ils disent le méchant réellement trop dangereux pour être laissé libre d’agir. Il leur faut le soumettre ou le tuer.

Ces appels à la violence ne sont pas les signes d’une mentalité aujourd’hui dépassée, dont on pourrait faire l’économie. Ils sont structurels, liés à l’image de soi qui habite le cœur du psalmiste, une image profondément façonnée par l’histoire de son peuple.

On a parfaitement le droit, bien sûr, de les interpréter en fonction de cet élément, central pour un chrétien, qu’est la Passion du Christ, selon la tradition qui va des Pères à Luther et jusqu’à nous. Cela, pourtant, ne se peut en vérité que lorsqu’on les a reconnus d’abord pour ce qu’ils sont, eux qui n’ont pas, justement, connu le Christ, ni sa volonté de les porter à leur accomplissement.

Le point de vue qui s’expose est donc purement et simplement celui des fils d’Israël d’alors, qui ne disposaient le plus souvent d’aucune sécurité pour continuer à exister – hormis leur dieu. Un dieu qui, lui-même, ne faisait, à l’égard de ses serviteurs comme de leurs ennemis, ni morale, ni psychologie, ni métaphysique, mais disait et agissait.

Ou non. Car pour eux, dans leurs poèmes, il est le maître, c’est lui le héros de l’histoire, pas les humains, seraient-ils de ses servants, liés à lui par serment. Car il voit plus grand qu’eux. Il sait ce qu’il fait, c’est lui qui a créé toutes choses, eux compris. Certes il est seigneur, donc lié, mais il est également dieu, donc libre… Paradoxe crucial pour la foi biblique.

Et pour revenir à cette identité du psalmiste avec le pauvre démuni, elle n’est donc pas ″une façon de parler″, ce qui signifie que ces poèmes ne nous concernent directement et véritablement que si nous sommes nous-mêmes réellement pauvres, démunis et brutalisés. C’est aussi en cela qu’ils nous sont souvent largement étrangers. Ils le sont en tout cas pour moi-même, qui vis largement et paisiblement, aujourd’hui hors de danger immédiat à ce qu’il semble.

 

– J’évoque maintenant un enseignement qui est plutôt un corollaire des deux précédents. Il s’agit de cette façon qu’a le psalmiste de se dire juste. En bon parpaillot, cela me gêne, moi qui jamais n’oserais me prévaloir d’aucune justice personnelle devant Dieu. Et qui n’adhère à la foi du Christ qu’en fonction de cette simple maxime que je dois à Luther : Dieu n’aime que les pécheurs…

Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Car souvent, pour le psalmiste, on a affaire à une justesse dans l’accomplissement des exigences de la Thora, c’est-à-dire à la mise en avant de faits vérifiables. Cet humain-là fait le boulot, personne ne peut le contredire. Et de plus avec plaisir. En cela, il accomplit les gestes qui l’installent dans cette relation d’alliance dont il est question plus haut. Ce n’est pas un mérite, c’est un comportement conséquent. Viendrait-il à se rendre coupable d’une faute dans cette partition, il accomplirait les rites de réconciliation qui le ramèneraient sans difficulté à son affaire.

Cela va plus loin. Cette justice est aussi une justesse dans la perception de sa situation. Elle est celle de la victime qui se plaint ainsi : « Je ne leur ai rien fait et ils m’agressent ! » Plus précisément, il est le juste souffrant qui paie pour son dieu… que l’ennemi combat bien plus, en vérité, qu’il ne combat le peuple de ses serviteurs. Le psalmiste est certain de cela.

Son comportement particulier lui attire alors les agissements cruels de l’ensemble de ses semblables. Il est victime de harcèlement, dirait-on aujourd’hui pour évoquer la cruauté du troupeau humain à l’égard du mouton noir. Ce dernier paraît arbitrairement désigné à cet effet, mais en vérité ce n’est pas le cas : sa foi, si elle prenait le pas sur la religion des sociétés environnantes, mettrait tout le système royal/impérial en danger.

Trônes, dignités, dominations, autorités, les visibles et les invisibles, perdraient toute influence sur l’esprit des simples gens.

Là se trouve la justice/justesse du psalmiste, celle de sa fidélité à un Autre. Un autre radicalement étranger à la sphère sociale des humains. C’est pourquoi le psalmiste lui-même, qui s’adresse à cet Autre, se désigne comme juste : il se tient dans son rôle.

 

Outre le plaisir de l’écriture, ce sont ces éléments  qui justifient à mes yeux, après coup, la cruauté qui m’a porté à sabrer tant de thèmes, d’images, tant de style, bref, tant de poésie, pour en arriver à cette écriture tellement dépouillée, tellement privée de tissu conjonctif, qu’elle demandera parfois un effort au lecteur pour être entendue. 

 

 

–oOo–

 

 

Addendum, le Psaume 119 (118)

par strophes alphabétiques

 

alef

 

Bonheur des hommes intègres

ils marchent suivant ta loi

 

ils marchent dans tes voies

ils te cherchent

 

je voudrais vivre ainsi

t’obéir

ne m’abandonne pas !

 

bet

 

Pour un jeune

comment garder pur son chemin ?

 

en respectant ta parole !

garde-moi de la fuir

 

apprends-moi tes préceptes 

je les repasse sur mes lèvres

j’y trouve mon plaisir

 

ghimel

 

Sois bon pour tes servants

ouvre mes yeux

 

je contemplerai les merveilles de ta loi

pour elles, je brûle de désir

 

je suis un étranger sur la terre

ne me cache pas tes volontés

j’y trouve mon plaisir

 

dalet

 

Je suis collé à la poussière

fais-moi vivre selon ta parole      

 

la tristesse m’arrache des larmes

relève-moi par ta parole

 

détourne-moi du mensonge

j’ai choisi la voie du bonheur

tu mets mon cœur au large

 

 

Enseigne-nous ta voie

celle de tes volontés

 

détourne nos yeux des idoles

et notre cœur du profit

 

accomplis ta promesse

elle est bienfaisante pour nous

nous voulons t’adorer

 

waw

 

Que ton amour vienne jusqu’à moi

je marcherai en liberté

 

je saurai répondre à l’insulteur

une parole vraie à ma bouche

 

je dirai ta loi devant les rois

je ne serai pas humilié

tes volontés, je les aime

 

zayin

 

Souviens-toi de ta parole

ta promesse me fait vivre

 

on se moquait de moi

je n’ai pas dévié

 

depuis l’étranger

je chante tes commandements

la nuit, je me souviens de toi

 

‘het

 

Ce qui m’échoit

c’est de garder tes paroles

 

je quête ton regard

j’examine la voie que j’ai prise

 

l’impie cherche à me piéger

mais je suis uni à tes servants

c’est ton amour qui domine

 

tet

 

Selon ta parole

tu fais mon bonheur

 

apprends-moi à bien juger

avant d’avoir souffert, je m’égarais

 

les orgueilleux m’accablaient

toi tu es bon, tu fais du bien

tu dis ta loi, c’est mon bonheur

 

yod

 

Tes mains m’ont façonné

j’espère en ta parole

 

ceux qui te craignent

qu’ils se tournent vers moi      

 

m’éprouves-tu, tu es fidèle

éclaire-moi

vienne ton amour et je vivrai

 

 kaf

 

Usé par l’attente

j’espère la parole qui me sauve

 

quand vas-tu me consoler ?

ils m’usent, mes poursuivants

 

ils ont creusé ma fosse

aide-moi, dans ton amour !

je n’ai pas abandonné ta parole

 

lamed                          

 

Ta fidélité demeure d’âge en âge

toute chose est ta servante

 

ta création tient bon                   

le monde tient par ta décision

 

ta loi est mon plaisir

son ampleur est infinie

sans elle je périrais

 

mem

 

De quel amour j’aime ta loi !

je la médite tout le jour

 

je surpasse ainsi l’habileté de l’ennemi

la sagesse des maîtres et des anciens

 

je fuis le chemin du mal

tu me donnes l’intelligence

ta promesse est un miel            

 

noun

 

Ton dire est la lampe de mon chemin

je fais serment de le suivre

 

j’ai trop souffert

à tout instant j’expose ma vie

 

fais-moi vivre, selon ta parole

pratiquer tes dires est ma joie 

c’est ma récompense

 

samek

 

Je hais les cœurs partagés

j’aime ta loi

 

tu jettes les mauvais comme l’écume

je tremble devant toi

 

ton appui me sauvera de l’impie

moi j’hérite de tes volontés

c’est la joie de mon cœur

 

‘ayin

 

J’ai agi selon le droit et la justice

libère-moi de ceux qui m’oppriment

 

mes yeux sont usés à t’attendre

il est temps que tu agisses

 

selon ton amour

assure la joie de ton servant

j’aime tes volontés

 

 

Je garde en moi cette merveille

tes préceptes

 

ma bouche ouverte les aspire

les simples en sont illuminés

 

mais on n’observe pas ta loi

mes yeux ruissellent de larmes

aie pitié, on m’opprime

 

tsadé

 

Tu es juste

tes exigences naissent de ta fidélité

 

mes oppresseurs l’oublient

j’en suis consumé

 

moi le chétif, le méprisé

j’aime la pureté de tes dires

éclaire moi, que je vive 

 

qof

 

J’appelle, réponds-moi

tu es proche

 

je garderai tes commandements

tu les as fondés pour toujours

 

je devance l’aurore et j’implore

j’espère en ta parole

fais-moi vivre

 

rech

 

Vois ma misère, délivre-moi

je n’oublie pas ta loi

 

les impies s’éloignent du salut

ils sont nombreux à m’opprimer

 

ta tendresse est sans mesure

par ton amour, fais-moi vivre

ta parole est vérité

 

chin

 

Des grands me persécutent sans raison

je ne crains que ta parole

 

ils t’ignorent, ils me répugnent

défends-moi, fais-moi vivre

 

vois comme j’aime tes préceptes

la base de ta parole est vérité

éternels et justes sont tes dires

 

taw

 

Que mon cri vienne jusqu’à toi

éclaire-moi selon ta parole

 

que ma prière arrive jusqu’à toi

délivre-moi selon ta promesse

 

que mes lèvres te chantent      

que je vive pour te louer

viens, je suis perdu

 

 

–oOo–

 

 

 

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