retour à la page accueil
retour à la page Lire
Pour envoyer vos remarques : jean.alexandre2@orange.fr
Ouverture
ou des Écritures renouvelées
Ceux qui ouvriront un nouvel avenir à la foi du Christ
Jésus, ce sont ceux qui offriront aux peuples une Bible nouvelle. Des Écritures
nouvelles. Renouvelées.
Chez nous, en France, on connaît peu les Écritures.
Elles sont comme le tronc d'un arbre abattu depuis longtemps, la souche en est
moisie. Un rejet, cependant, tout neuf et dru, peut en surgir.
Je parle des Écritures que les peuples se lisent. Pas
de celles des pieux et des savants.
Qu'est-ce qu'une Écriture, pour un peuple ? C'est une
histoire, un poème, un enseignement. Ou les trois à la fois. Surtout, c'est le
socle et l'occasion de paroles, d'images et de chansons.
C'est ce dont on peut faire des romans et des films,
ce qu'on peut mettre en scène, ce qu'on peut citer en proverbe au bon moment.
C'est ce qu'on peut raconter en riant ou bien, le doigt levé, en leçon à
retenir.
C'est ce qui donne la parole aux événements, ce qu'on
rappelle pour douer l'actualité d'un sens. C'est la matrice de la compréhension
des choses, car les choses sont à interpréter.
C'est ce qui habite la tête, le cœur, les reins. Qui
permet de comprendre, de ressentir, d'agir.
C'est ce qui donne la force de résister, de dire non,
de faire autrement. Ce à quoi l'on obéit plus qu'aux
hommes. Plus qu'aux choses. Ce qui te donne force dans ta cellule, clarté
devant tes juges, courage devant la mort.
C'est ce qui te permet de tenir au long des jours. Une
lumière pour le gris d'une vie de pauvre. Un sourire et une caresse. Un lit
pour l'épuisé. La dignité de n'être rien et d'avoir la parole. La Parole.
C'est ce qui met de la distance entre toi et
l'immédiat des faits et gestes, l'immédiat des choses et des gens, l'immédiat
apparent de tes désirs, eux qui sont toujours tordus par le commerce qu'on en
fait, trahis par la chose qu'on en fait.
Oui, des Écritures qui seraient chaudes demeures, pour
des peuples libres et avisés.
Une Écriture qui serait ta parole dès que tu la
dirais. Et qui ferait de toi, qui que tu sois, un diseur de Dieu. Oui, apôtre
et prophète aux côtés des apôtres et des prophètes, saint au milieu des saints,
juste parmi les justes.
Qui te ferait frère et sœur des autres. Et même des
méchants. Et même des puissants. Pour leur dire en un sourire ou dans un pleur
qu'il leur faut lâcher prise.
Parce que cette Écriture, alors, est une parole possible.
Faite pour être dite. Redite, répétée, apprise pour servir, tout le monde n'a
pas de suite en soi-même les mots justes qu'il faudrait.
Alors ces Écritures permettraient de dire Dieu. Et
même, en la bouche des simples deviendraient Parole même de Dieu. Car ce qui,
d'une écriture, fait une parole, c'est qu'on la dit. C'est qu'on la fait.
Parole d'un dieu plus grand que les Églises, elles qui
ont toujours avant les autres la parole de vérité, les us et coutumes
nécessaires, les locaux prévus pour, les normes, les bonnes manières, les
bonnes fréquentations.
Je parle du Dieu des Écritures, plus grand que
l'univers, plus profond que la mort, plus proche que ton cœur. Je parle de
celui que les humains désirent alors même qu'ils disent non ce n'est pas possible.
De celui qu'on appelle Père parce qu'il est avant nous
et que pourtant nous allons vers lui qui nous attend et nous espère, les bras
ouverts, comme pour un enfant qui commence à marcher.
Un dieu de la vérité des êtres, enfouie au plus loin
dans leur malheur, leur bonheur, leur joie, leur colère, loin loin jusqu'à l'os.
(d’après mon livre Jonas ou
l’oiseau du malheur)