Retour à la page
d’accueil
Vos remarques : jean.alexandre2@orange.fr
Mes réponses
PETIT
TRAITÉ D’INNOVATION LEXICALE
(pitrerie)
J’aimerais apporter mon aide aux malheureux qui
sont chargés de trouver des équivalents français aux néologismes importés de
l’étranger. Je les sens désemparés. Cela se reconnaît aux nombreux anglicismes,
par exemple, insérés chaque année dans nos dictionnaires.
Je pense que la difficulté ne vient que de leur
manque d’imagination. Ils croient naïvement nécessaire de choisir ou d’inventer
des mots qui aient un rapport linguistique ou pratique avec la chose ou
l’action.
C’est un a priori ridicule. Est-ce que le mot vache ressemble à une vache ?
Est-ce que le mot taratata vient du
latin ? Est-ce que le mot hot-dog
a un rapport réel avec un chien (même en rut) ? Est-ce que le mot bling-bling est dérivé d’un radical
quelconque, par exemple par suffixation ?
Des mots, il est très facile d’en fabriquer pour
peu qu’on ait un peu de jugeote. J’en donne ici la preuve :
Prenons n’importe quelle onomatopée commençant
par une voyelle, par exemple ouille*,
et ajoutons-lui une consonne, en suivant grosso modo l’alphabet, il sera
ensuite aisé de découvrir les mots ainsi formés qui n’ont pas encore d’emploi
(je les inscris en rouge afin d’en faciliter la reconnaissance). Il ne faudra
plus que choisir parmi eux celui qui répondrait à telle ou telle demande de
néologisme.
Ouille, bouille, couille, douille, fouille,
gouille**, houille, jouille, louille, mouille, nouille, pouilles, rouille, souille,
touille, vouille,
zouille.
J’ai donc ainsi composé quatre nouveaux mots
dépourvus d’emploi, et ceci le plus facilement du monde. Je les offre
gratuitement à nos lexicologues pour leurs besoins.
À la réflexion, et considérant leur manque notoire
d’esprit d’à propos, je leur donne ici quelques exemples d’utilisation :
Exemples évidents jouant sur la sonorité : à la place de jogging, prendre jouille dans le sens de l’action elle-même (« On se fait une petite jouille ? »),
et jouiller pour le verbe (je jouille, que nous jouillassions, etc.) ; de même, pour podzol, prendre zouille (« Zut,
encore du zouille ! ») ; de son côté, vouille me paraît s’imposer pour remplacer n’importe lequel des
noms étrangers de chien (fox, yorkshire, teckel, etc.) à cause de sa relative proximité avec le mot ouah (mais il vaudrait mieux, à la
réflexion, choisir dans ce cas un gros chien,
vouille, vouille ! correspondant mieux au son d’un aboiement assez
grave).
Exemples prenant plus au sérieux la notion linguistique
d’arbitraire :
je verrais bien louille désigner un bakchich (mais peut-être parce qu’on se
le refile de la louche à la louche ?) ; ou alors, plus arbitraire
encore, je le proposerais pour trader
(« Mon loulou, louons ce louille, il
est louche, le filou, mais pas nouille »).
Bien sûr, il y aura toujours des gens pour
trouver cet exercice inutile, gratuit, voire puéril : tout le monde n’a
pas le goût de la langue***.
Notes
* Au cas où l’on s’étonnerait de ce choix, je
précise que l’idée m’en est venue au moment où ma femme m’a demandé de touiller la salade (ndr).
** En Suisse, une gouille est une flaque d’eau.
*** Langue : bangue, cangue, dangue, fangue, gangue, hangue, jangue, mangue, nangue, pangue, rangue, sangue, tangue, vangue, zangue… ah
mais !
Retour au haut de page