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L’Annonce de paix

selon mÀrcos

 

(extrait)

 

 

 

 

En guise de présentation de ma traduction des quatre évangiles intitulée

 

Quatre annonces de paix

voici un passage de l’évangile selon Marc

 

 

 

Cette traduction a paru aux Éditions Lambert-Lucas 

(4 rue d’Isly, 87000 Limoges – tél. : 05 55 77 12 36 – www.lambertlucas.com).

  

On pourra en écouter cet extrait en allant sur : http://youtu.be/H2_jvg5QYcE

 

On pourra aussi trouver en fin de texte quelques réflexions sur cette traduction

ainsi que quelques indications concernant la lecture à haute voix ou à mi-voix :

sur cette traduction

 

 

 

 

Ch. 15

Et dès le matin – les grands-prêtres ont tenu conseil ––– avec les anciens et les lettrés – et tout le sunédriόn

ils ont lié Jessous ––– ils l’ont emmené et livré à Pilâtos

Et Pilâtos – l’a interrogé ––– Es-tu – le roi des Joudéens ?

et il lui a répondu il a dit ––– Toi – tu le dis

Et les grands-prêtres l’accusaient beaucoup

et Pilâtos l’interrogeait de nouveau – il disait

Ne réponds-tu rien ? ––– vois tout ce dont ils t’accusent 

et Jessous – n’a plus rien répondu ––– au grand étonnement de Pilâtos

 

À chaque fête – il leur libérait un prisonnier

celui qu’ils réclamaient

Et il y avait – un nommé Barabbâs ––– il avait été pris avec les émeutiers

ceux qui – dans une émeute – avaient commis un meurtre 

Et la foule – est montée

elle a commencé à réclamer – ce que d’habitude – il faisait pour eux

Et Pilâtos leur a répondu – il a dit

Voulez-vous ––– que je vous libère – le roi des Joudéens ?

Car il savait ––– que c’est par jalousie

que les grands-prêtres l’avaient livré

Et les grands-prêtres – ont excité la foule

afin – qu’il leur libère plutôt – Barabbâs

Et Pilâtos a repris la parole – il leur disait

Que dois-je donc faire – du roi des Joudéens ?

Et de nouveau – ils ont crié

Mets-le en croix

Et Pilâtos leur disait ––– Car – qu’a-t-il fait de mal ?

et outre mesure – ils ont crié ––– Mets-le en croix

Et Pilâtos – a voulu donner satisfaction – à la foule ––– il a libéré Barabbâs

et il a livré Jessous – après l’avoir fait fouetter – afin qu’il soit mis en croix

 

Et les soldats l’ont emmené – à l’intérieur de la cour ––– c’est le prétoire

et ils rassemblent toute la cohorte

Et ils le revêtent de pourpre

et ils lui mettent – l’ayant tressée – une couronne d’épines

Et ils se mettent à l’acclamer

Salut –– roi des Joudéens

Et ils lui frappaient la tête avec un roseau – et ils crachaient sur lui

et ils se mettaient à genou – et se prosternaient devant lui

Et après l’avoir humilié – ils lui ont ôté la pourpre – et ils lui ont mis ses vêtements

et ils l’ont emmené dehors – pour le mettre en croix

 

Et ils obligent quelqu’un qui passait – Símôn Kurènéos – qui venait de la campagne

le père d’Alexándros et de Roúfos ––– afin qu’il porte sa croix

Et ils le portent au lieu-dit – Golgothâ

ce qui se traduit ––– Lieu du Crâne

Et ils lui donnaient du vin mêlé de myrrhe

et il ne l’a pas pris

Et ils l’ont mis en croix

et ils se sont partagé ses vêtements – ils les ont tirés au sort ––– qui prendrait quoi ?

Et c’était la troisième heure ––– et ils l’ont mis en croix

et il y avait l’inscription de son motif – qui était écrite

Le roi des Joudéens

et avec lui – ils ont mis en croix deux bandits ––– un à sa droite – et un à sa gauche

Et ceux qui passaient l’injuriaient – ils secouaient la tête – et ils disaient

Ohé – toi qui détruis le temple et qui le bâtis en trois jours

Sauve-toi toi-même

descends de la croix

De même – les grands-prêtres aussi se moquaient – ensemble avec les lettrés ––– ils disaient

Il en a sauvé d’autres ––– il ne peut pas se sauver lui-même

Que le messie – le roi d’Israèl – descende maintenant de la croix – afin que nous voyions – et que nous croyions

et ceux qui étaient crucifiés avec lui – l’insultaient

 

Et la sixième heure est venue

une ténèbre est venue – sur la terre entière – jusqu’à la neuvième heure

Et à la neuvième heure – Jessous a crié d’une voix forte ––– Élôï élôï – léma sabahthani ?

ce qui se traduit ––– Mon dieu mon dieu – à quoi m’as-tu abandonné ?

Et certains de ceux qui étaient présents l’ont entendu ––– ils disaient

Voici – il appelle Élie ––– et quelqu’un – a couru remplir une éponge de vinaigre

Il l’a mise autour d’un roseau – il lui a donné à boire ––– il a dit

Laissez – voyons si Élie – vient le faire descendre

Et Jessous – a lâché un grand cri

il a expiré

Et le voile du temple – s’est déchiré en deux

depuis le haut jusqu’en bas

Et le centurion – qui se tenait devant lui – a vu ––– qu’il avait expiré ainsi ––– il a dit

Vraiment – cet homme était fils de Dieu

Et il y avait aussi des femmes ––– de loin – elles regardaient 

parmi elles aussi ––– María la Magdalène – et María – mère de Jacôbos le Petit et de Jôsèt ––– et Salômè

Quand il était en la Galiléenne ––– elles le suivaient et le servaient

beaucoup d’autres aussi ––– qui étaient montées avec lui – à la Sainte-Salem

 

Et le soir déjà venu – puisque c’était la Préparation – qui est la veille du sabbat

Jôsèf d’Arimathéa est arrivé – un éminent conseiller – qui lui aussi – attendait le règne de Dieu

Il a été courageux

il est entré chez Pilâtos – et il a demandé le corps de Jessous

Et Pilâtos s’est étonné – qu’il soit déjà mort

et il a appelé le centurion ––– il lui a demandé – s’il était mort depuis longtemps

Et renseigné par le centurion

il a accordé le cadavre à Jôsèf

Et il a acheté un linceul

il a descendu le corps – l’a enveloppé dans le linceul

Et – il l’a déposé dans un tombeau – qui était taillé dans le roc

et il a roulé une pierre – devant la porte du tombeau

Et María la Magdalène – et María celle de Jôsèt

regardaient – où il avait été déposé

 

Ch. 16

Et le sabbat a passé ––– María la Magdalène ––– et María – celle de Jacôbos et de Jôsèt ––– et Salômè

ont acheté des aromates – afin d’aller l’embaumer

Et tôt le matin – le premier de la semaine – elles viennent au tombeau

le soleil s’était levé

Et – elles se disaient entre elles

Qui – va nous rouler la pierre – hors de l’entrée du tombeau ? 

Et elles lèvent les yeux – elles voient que la pierre – a été roulée

car elle était fort grande

Et elles sont entrées – dans le tombeau

elles ont vu un jeune homme – assis à droite – vêtu d’un vêtement blanc ––– et elles ont été  saisies d’effroi

Et il leur dit ––– Ne soyez pas effrayées ––– c’est Jessous que vous cherchez – le Nazarène que l’on a crucifié

il s’est relevé – il n’est pas ici ––– voici le lieu où on l’avait déposé

Mais allez ––– dites à ses disciples et à Roc – qu’il vous précède en la Galiléenne

Vous le verrez là-bas ––– comme il vous l’a dit

Et elles sont sorties – elles se sont enfuies loin du tombeau – car elles étaient tremblantes et bouleversées

et elles n’ont rien dit à personne ––– car elles avaient peur

 

                                                                                                                                                                                                                                

 

                                                                                                                                                                                                                                

 

 

Sur cette traduction

 

Peut-on s’amuser à traduire un évangile ? Se faire plaisir ? C’est en tout cas ce que j’ai voulu faire, non sans quelque autre idée derrière la tête.

 

Car l’ambition de cette traduction est aussi de créer une langue française de cet évangile. Non le français habituellement présenté comme correct, ou littéraire, ou supposé poétique ; non plus un décalque qui singerait la phrase et le vocabulaire grecs antiques ; mais une langue qui colle au parler spécifique de ce sujet-là, en le faisant exister comme existent aujourd’hui en français des parlers, fort divers, qui se font reconnaître pour être chacun celui d’un milieu, d’une région, d’une profession, voire d’une personne singulière. Le parler d’un sujet.

 

Il s’agissait d’ailleurs de traduire du parler plutôt que de l’écrit. Cela supposait de marquer le rythme plutôt que la ponctuation.  

 

Il s’agissait de plus de traduire en fonction du grec le plus ordinaire, tel que l’évangile le travaille, et non selon une supposée langue grecque du Nouveau Testament. C’est ainsi par exemple que hamartía redevient « erreur », comme dans le Bailly, et non « péché » !

 

On a traduit de même dans le français le plus ordinaire, un français parlé, qui privilégie, simple exemple, le passé composé, qui est le temps par excellence de l’énonciation orale, plutôt que le passé simple. 

 

Ceci dit, concernant la compréhension du vocabulaire grec, les choix liés à ce qui précède représentent à peu près tout ce qui vient de moi. La plupart du temps, j’ai en effet suivi assez fidèlement les savants spécialistes.

 

Pour en revenir au rythme, cette traduction est conçue à la manière du verset hébreu : deux temps, et des suspens plus ou moins longs correspondant aux principales disjonctions que j’ai instaurées dans le grec, d’une façon qu’on pourra évidemment estimer arbitraire mais qui s’inspire d’une longue pratique du dire. Pour souligner le continu du discours, j’ai utilisé ces tirets plus ou moins longs qui remplissent en partie les blancs destinés à marquer les silences.

 

Il ne s’agit pas ici d’un travail que l’on prétendrait achevé, mais du résultat d’un travail d’atelier, toujours à parfaire ou refaire. En cela comme en bien d’autres domaines, il s’inspire des travaux de Henri Meschonnic, sans toutefois s’inscrire dans les objectifs visés par ce maître.

 

Parmi d’autres, l’un des enjeux de cet atelier pourrait être de permettre aux sociétés dont la culture d’origine privilégie l’oralité de disposer d’Écritures bibliques qu’elles puissent habiter selon les ressorts de leur tradition ou de leur coutume propres. Je veux parler des sociétés qui ont été dominées, outre-mer comme au sein des anciennes métropoles. La colonisation des esprits a en effet été mise en œuvre, entre autres, par l’intériorisation d’une Bible gréco-latine qui a toujours eu partie liée avec le dualisme occidental. Forme et fond, corps et âme, matière et esprit…  

   

Mais j’avoue aussi que je me suis pris à ce jeu. Bien loin de m’arroger le rôle de massorète d’évangiles enfin aboutis, j’ai travaillé, plus précisément, dans un esprit ludique et poétique. Il s’agissait de me proposer à moi-même cet atelier, à la fois comme un travail, un plaisir et un combat – en attendant mieux.

 

Jean Alexandre

 

 

 

En pratique

 

Le texte est composé de groupes de mots. En parlant normalement, tout francophone marque de tels groupes par une intensité plus grande sur la dernière syllabe prononcée, que l’on appelle une tonique.

Exemple : Samedi dernier – je suis allé aux champignons.

 

Dans la traduction proposée ici, ces mots ou groupes de mots sont séparés par des tirets plus ou moins longs. Ces tirets ne sont pas analogues à une ponctuation mais sont liés au souffle et indiquent un mode de respiration.

 

Lorsqu’un groupe de mots est suivi d’un tiret court (–), il s’agit simplement de marquer la tonique sans installer de pause particulière ; lorsqu’il est suivi d’un tiret long (–––), une respiration plus longue l’unit au groupe suivant.

 

De plus, le verset est composé de deux versants. Pour passer du premier au second, il convient également de marquer une respiration. Il en va de même entre les versets.

 

 

 

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