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Il s’agit d’un élément
du recueil
de poèmes/dires
intitulé
paru en décembre 2019.
Voir à la page :
On dirait maintenant
que rien ne va plus !
Et bien sûr on s’en
remet à Dieu, mais lequel ?
Celui du Christ, mais
quand il nous parle aujourd’hui
peut-être a-t-il en quelque
sorte changé.
Peut-être même qu’il
n’a pas gardé son nom, tant de fois sali.
Peut-être aussi qu’il
a changé de lieu, converti son temps.
Qu’il n’est plus
avant, ni au-dessus, mais devant ?
Peut-être qu’il veut
sans cesse appeler, crier vers nous,
afin que nous qui
sommes au bord du vide,
nous inventions le
bonheur en ce monde.
Il appelle
Alors ce qui est
arrivé
c’est que le dieu
s’est retourné
on le croyait
derrière, à nous pousser
nous menant devant lui
où lui devant et nous
derrière
comme au troupeau fait
le berger
il s’est tourné vers
nous
bras ouverts il dit tu
viens ?
il est devant à nous
tirer
allant, à reculons,
toujours plus loin
nous appelant à lui,
et à son rêve
rêve d’un monde quand
il règne
et nous disant venez
si vous m’aimez
inventez-moi cela
et si pour toi mon
règne est impossible
vise à cela, essaie
cela, crée-moi cela !
et le dieu, il insiste
il appelle, il supplie
Il insiste
il a dit viens,
fais-le, mon règne
un nouveau monde où
habiter
un monde où coulera
justice et droit comme
un torrent
où les enfants, tous
les enfants
riront, mangeront et
boiront
où leurs parents
leur feront un avenir
une terre où tous
travailleront
sachant pour qui, pour
quoi
où l’on se parlera et
s’entendra
s’aidera, se
soutiendra
où l’on rira et
chantera, et dansera
et fêtera le travail
et l’amour
et il nous dit allez,
venez
si vous m’aimez
inventez tout cela
car le dieu s’est
retourné vers nous
et il appelle
Il s’inquiète
et le dieu s’est
retourné
insistant pour son
règne
en tout ce qui
survient
il voit venir la mort
il s’inquiète pour
nous
l’abîme ouvre sa
gueule
alors le dieu appelle
à la vie
il dit : que tu
ne meures !
invente-moi un monde
où l’humain trouve
place
un monde sous mon
règne
car je vise à la vie
monde où l’humain pour
vivre
usera de raison, de
justesse et de joie
prélevant et donnant
pour se créer son nid
l’humain vit dans le
monde
le monde vit en lui
Il imagine
un monde où poussera
tout arbre et toute herbe
des champs
et germera,
fructifiera
heureux de vivre sa
vie de plante
monde pour le
jardinier
soignant et protégeant
arbres et plantes
vois ces images
un monde en paraboles
l’insecte s’y démène
l’oiseau picore et se
met à chanter
et le ciel est
peuplé
du vol et du cri des
oiseaux
et quand tu
comprendras
qu’ils ne sont pas à
toi
que tu vis dans leur
monde
eux qui vivent en toi
en toute partie de mon
règne
à cette mesure tu
agiras
Il sourit
même si tu le dis
impossible
essaie cela, vise à
cela, fais donc cela
un monde où le savant
pense aux conséquences
à ce qui fait du bien
ou fait du mal aux
gens
où la connaissance
n’a pour but nulle
puissance
où le savoir
aide à la vie du monde
essaie cela, vise à
cela
souviens-toi, tu es au
bord du vide
et la science a pour
amis aussi
des rêves menacés
que ton savoir ne
meure
ses merveilles, ses
richesses
et le dieu sourit et
dit
continue à chercher
Il prévient
mais il prévient
n’évitez pas la guerre
partez en paix de là
nul déni mais un
combat
mon règne vous espère,
il est à vous
mais ne se gagne pas
sans lutte
à cela il appelle
à la peine comme au
rire
il n’y a que combat,
il n’y a que travail
le règne naîtra des
règnes qui ont à mourir
rien pourtant sans le
plaisir
il faut apprendre le
sourire
venez, dit le dieu, je
vous enseigne la danse
à traverser les coups
du temps
vous êtes passés par
là
rassemblés un jour en
une seule croix
or une fois vidangé le
tombeau
ce qui reste est
apprendre à bien vivre
Il pleure
et le dieu s’est
retourné
il a pleuré
car il a vu les riches
et les puissants
eux qui œuvrent
souvent
en chimères de vent
et se perdent
en des passions
sinistres
ils se croient
mordorés
ce ne sont que
guenilles
venez à moi a dit le
dieu
il vous faut une cure
vous allez m’inventer
la richesse du manque
je veux des trous
partout
et tous s’enrichiront
mon règne, c’est
l’utile
le partage est mon
rêve
de quoi, dit le dieu,
suis-je le nom ?
du bonheur de vivre
je suis l’appel à
sortir du néant
la voix qui dit
lève-toi, sors de là
car tu es en prison,
va au-delà
en toi est ta prison,
détruis-la
deux humains sont en
toi
l’un qui bâtit, l’un
qui détruit
qui se trompe et qui
comprend
quel monde
feras-tu ?
et même trois humains,
en toi
le sage et le fou et
l’amant
car tu chantes quand
tu aimes
n’oublie pas de
chanter
tu parles en
comprenant
n’oublie pas de parler
et la terre que tu
feras
sera belle quand tu
l’aimeras
et se retournant
le dieu a vu les
puissants
et il a dit bandits
voleurs du temps des
autres
et il a dit aux
simples gens
tu es le plus grand,
serais-tu le dernier
plus profond que la
nuit
plus élevé que le vol
des colombes
c’est à toi d’inventer
d’instaurer l’échange
et le partage
toi seule, ô multitude
connaît le monde en
vérité
sur toi il pèse et tu
sais où cela mène
resteras-tu
assise ?
tu peux porter en toi
le désir de donner
dans le temps de
recevoir
c’est à toi de faire
un monde
qui ne soit pas
rapacité
or trop lourd, dit le
dieu
est le poids des
humains sur la terre
il est trop grand pour
mon règne
car il prend sans
mesure
et le dieu murmure à
l’oreille des humains
mâle ou femelle
tel est le rêve de mon
règne
que vous sachiez bâtir
ensemble
faites-moi, de cette
terre, une maison belle
tournée vers la
concorde
inventez-la
ne comptez pas sur
moi, c’est votre affaire
ce jour est votre jour
pour vous pas d’autres
temps, ni d’autres étendues
je vous attends, je
vous attire à moi
mon dire est l’avenir
avancez vers mon rire
amis, marchez vers mon
sourire
souviens-toi, dit le
dieu qui appelle
des jours où je me
disais ton père
en ces temps-là mes
chiens courants
t’écrivaient des
poèmes
mes prophètes, mes
poètes
te contaient des
histoires
comme au lit du soir
un enfant
ils t’enseignaient en
paraboles
ils te disaient mon
amour
te montraient mes
chemins
mais ces jours ont
passé
aujourd’hui est ton
jour
c’est à toi de parler,
de conter, de rimer
d’enseigner
c’est à toi de créer,
à toi enfin de faire
c’est cela ou tu meurs
et pour moi qui
t’appelle
accomplis mon rêve de
bonheur