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théo-logie

 

 

Les gestes professionnels du pasteur*

 

À propos de l’autorité des écritures

 

 

Avant de parler de l'autorité des Écritures – question abstraite – peut-être faudrait-il réfléchir sur la façon dont les clercs de nos Églises sont formés à la lecture.

Or sur ce point, il me faut dire d'emblée que la question de la formation, en ce qui concerne les pasteurs, me paraît souvent posée dans des termes malheureux. J'avoue que, pour ma part, lorsque j'étais « formateur » de pasteurs dans le domaine biblique, je n'ai pas réussi à sortir de ces termes, dans la pratique. Mais tout au moins suis-je en mesure de dire aujourd'hui, à partir d'un certain point de vue, en quoi ils sont malheureux.

Voici d'abord le point de vue, énoncé sèchement : l'oscillation actuelle entre la prédication (entendue au sens large) de la Parole de Dieu et l'animation sociale, oscillation qui conduit parfois à des choix – ou à des exclusions – extrêmes, me paraît naître d'un manque grave : l'absence de prise en considération de ce qui est impliqué par les gestes les plus élémentaires de la pratique pastorale lorsqu'elle s'en tient à ses définitions les plus classiques.

C'est ce manque qui produit une incertitude sur la validité sociale, historique (ici et maintenant), de l'Évangile. Plus précisément : une incertitude profonde sur le sens de l'Évangile dans le monde actuel.

Il peut paraître inconséquent de rapprocher aussi hardiment la petitesse des gestes quotidiens du pasteur et l'universalité de la présence sociale de l'Évangile. Je vais essayer de montrer que ce n'est pas inutile.

 

 

La Bible est un langage

 

L'Évangile se présente à nous à la fois comme Parole et comme Écritures, du moins si l'on se place au point de vue le plus concret. Cela signifie qu'il est, pratiquement, un certain mode de l'exercice du langage humain.

Peut-être ne voit-on pas toujours que cela signifie que le Dieu biblique choisit d'intervenir dans la société humaine par sa pratique la plus centrale, et la plus universelle.

Toute pratique sociale suppose le langage. Plus précisément elle est aussi langage. C'est le cas, par exemple, des institutions de base, telles que le mariage, l'école, l'État, etc... Mais de plus, toute pratique sociale suppose le langage de la parole humaine : elle baigne dedans, comme l'embryon dans le liquide amniotique, et, comme lui également, s'en nourrit.

Cela signifie que toute réalité sociale est cohérente avec un certain mode de traitement du langage, un mode qui est le sien. Il agit sur elle et elle agit sur lui. Ils se produisent mutuellement.

C'est premièrement sur ce terrain-là, pour nous – je veux dire pour des gens qui vivent après la définition du Canon biblique – que l'Évangile s'attaque à la transformation des humains, des personnes individuelles ET des personnes collectives. Collectives ET individuelles. Un langage neuf est langage neuf pour quelqu'un comme pour toute une société.

C'est pour cela que, dans leur grande sagesse, les Réformateurs ont tenu à ce que le ministère de l'Église soit dit tout d'abord le ministère de la Parole.

Mais ce qui me frappe, c'est que nous parlons de la Parole de Dieu, alors que nous ne savons pas le plus souvent ce que c'est tout bêtement qu'une parole. Et que nous parlons des Écritures Saintes, sans savoir ce que c'est qu'une écriture. Et je ne suis pas loin de penser qu'il en allait de même souvent pour les Réformateurs.

Alors ce qui doit être posé premièrement, c'est que ce n'est pas le cas de la Bible. La Bible est une écriture qui sait au plus haut point ce que c'est que l'écriture, qui maîtrise au plus haut point la pratique de l'écriture1. Qui sait parfaitement quels langages, quelles sortes de langages peuvent naître de son écriture à elle, pour entrer en contact avec les autres langages – qui se ressemblent étrangement entre eux.

(C'est évidemment dire la chose d'une manière très naïve : très simplifiée, presque mythologique. J'ai besoin qu'on m'en excuse : je suis ici à la pointe de mon savoir).

Au plan concret, le ministère de la Parole est pour moi un service du langage biblique. C'est là qu'interviennent les questions de formation portant sur les gestes dont je parlais.

 

 

La pratique de la Bible

 

Le service du pasteur implique qu'il accomplisse des gestes simples tels que : lire, écrire, parler.

Mais s'il a appris au cours de ses études et par son expérience personnelle de croyant le « contenu » de ce qui est à dire, à comprendre, à formuler, il ne sait pas nécessairement ce qui est impliqué par le fait d'une telle pratique continue. Ni que cette pratique professionnelle, par ses modes de fonctionnement, va retentir sur les « contenus », au point que ceux-ci pourront être absolument transformés2.

Ce que je veux dire, c'est que la façon de dire, ou de lire, est toujours liée à ce qui est effectivement dit, ou lu. La façon de travailler retentit sur le travail. Le résultat dépend du mode.

Prenons l'exemple de la lecture.

Lire la Bible est une pratique, c'est ce que je pose en premier. Et cette pratique, à mon sens, et sans que je présente cela comme exhaustif, peut être caractérisée par trois termes :

– La lecture de la Bible est la pratique d'un travail,

– La lecture de la Bible est la pratique d'un combat,

– La lecture de la Bible est la pratique d'un plaisir.

 

 

Un travail

 

L'exégèse historico-critique et la sémiotique ont répandu cette notion, que lire la Bible suppose un travail intellectuel. Mais ce n'est pas ce que je veux dire. À mon sens, ce type de travail, quoique nécessaire, ne peut intervenir qu'après celui dont je parle. Parce que ce dernier est d'abord un travail personnel. L'exégèse ou la sémiotique sont mauvaises chaque fois qu'elles répondent à des questions que je ne me suis pas posées. Dans ce cas, elles empêchent tout simplement que je me les pose. Et peut-être que celles que je me poserai ne seront pas de celles que l'exégèse aura déjà envisagées...

Tout d'abord doit intervenir une recherche prolongée et assidue de la façon dont les choses se présentent dans les textes. Une recherche, pourrait-on dire, de l'esprit dans lequel ces textes parlent, par la perception de la façon dont ils parlent. S'il est bon de connaître l'histoire de la rédaction d'un texte et celle de son contexte culturel, ou bien les contradictions logiques qu'il vise à réduire, encore faut-il d'abord que ce texte, je l'aie perçu, pleinement, moi-même. C'est peut-être plus une question de sensation que d'intelligence. Et par là on voit que c'est autant affaire de travail sur soi que de travail sur le texte.

C'est dans cet esprit que l'on peut développer une formation pratique destinée à permettre aux lecteurs d'entrer, de façon sensorielle, à la manière des Anciens, dans le rythme, dans la sonorité, dans le mouvement propres à un texte, toujours différents de ceux d'un autre. L'expérience montre que ce travail est à la fois une découverte vécue du texte, et une reformation de soi, par le texte.

Travail de soi, travail du texte : une seule chose.

 

 

Un combat

 

Ce qui a été dit du travail – non pas travail sur le texte mais travail du texte, finalement3 – laisse entendre, sans doute, que nos habitudes y sont malmenées. Ce point est important, car nous sommes tous pétris des façons de sentir, de voir, de comprendre et de vouloir de notre société. Ces façons-là sont constitutives du malheur d'être qui est propre à notre temps et à notre lieu. Elles nous pétrissent, nous et nos frères humains, tout comme Baal pétrissait le monde cananéen. Elles sont pour nous le langage de nos dieux, que nous nous sommes faits. Elles contribuent en permanence à la reproduction de ce monde mortifère.

C'est, pour une large part, à cette réalité que s'attaque la Bible. Son écriture vise à faire naître des Paroles qui brisent les idoles. C'est pourquoi je pose en principe que si le travail de lecture n'a pas fait sauter en nous la puissance des langages morts, c'est qu'il est à refaire, à reprendre à zéro. Car ce travail est un combat.

Combat contre nous. Mais combat pour nous.

Seul peut parler droit, aux autres, celui qui s'est battu contre ses fausses paroles à lui. Le combat de la lecture biblique est combat à mort contre le menteur qui est en moi. En sort une parole de Dieu. La chose confondante est que c'est ma parole.

L'enjeu de tout cela, dans la mesure où nous sommes chacun le lieu de la puissance des idoles, est l'apprentissage de leurs failles. Autrement dit, l'engagement social pratique du ministre de la Parole doit être, en premier, le combat contre sa propre résistance à la puissance des Écritures4.

C'est justement ce qui explique, à mon sens, que les « grands » serviteurs de la Bible aient été aussi de puissants acteurs sociaux. Car cela est donné par surcroît. Certes, si cela n'est pas donné, c'est que le travail est à reprendre à zéro. Mais il ne peut s'agir que des fruits, non de la semence. La semence, c'est le combat de Parole.

 

 

Un plaisir

 

Maintenons la saine doctrine selon laquelle le plus grand plaisir est donné par le plus grand amour...

Ajoutons qu'il en va de même pour le travail et le combat.

Aussi, si vous n'aimez pas les Écritures, fermez-les donc.

Mais la chose qui dit si l'on aime, c'est le plaisir.

Si la beauté des Écritures ne vous soulève pas de joie, dans le travail qu'est leur lecture, si vous ne riez pas de plaisir, comme fit Isaac avec Rébecca, alors : le travail est à reprendre à zéro. Ou peut-être à laisser : vous vous serez trompé sur vous...

Il est possible de former les amants de la Bible à quelques rudiments, utiles à la découverte du plaisir biblique. Et ceci en prenant le parti extrême, qu'un vain puritanisme blâmera, de faire de la Bible prétexte à jeu. L'expérience montre que ces jeux communiquent à ceux qui s'y livrent plus que le désir de lire : le plaisir de connaître.

(Petite parenthèse : ce que je dis ici du geste de lire, et spécialement de lire la bible, s'adresse aux pasteurs. Il va de soi qu'il s'agit d'une réduction commode : ceci s'adresse à tous les croyants. Simplement, les ministres doivent avoir plus de temps, et pour cela on peut attendre d'eux qu'ils sachent y aider les autres).

 

 

Bien parler

 

Il y a d'autres gestes professionnels, comme la parole, ou l'écriture, et d'autres encore je suppose. Je ne m'y étendrai pas beaucoup : j'en dirais les mêmes choses. Il me paraît cependant utile d'insister sur un usage désastreux que font souvent les pasteurs de leur parler.

Parler est aussi un travail. Un travail particulier, certes, en ce sens que l'outil et le matériau sont une même réalité : la parole. Mais comme pour tout travail, toute production, parler contraint à ajuster tous les éléments entre eux.

Au plus concret, ces éléments sont la voix, le ton, la modulation, le rythme, le souffle, l'articulation. Mais c'est aussi le choix des mots et leur agencement (je ne parle pas ici nécessairement de la correction grammaticale). Enfin c’est la présence, qui dépend de tous les autres et qui les accomplit, au sens où Jésus accomplissait les Écritures.

Je sais qu'on me dira qu'à tout cela, qui semble une technique de camelot, il faut préférer l'authenticité. Il n'y a pas d'authenticité sans tout cela, mais l'identification plus ou moins malade à un personnage que chacun de nous se forge lui-même, et reçoit, aussi, des autres ; seul est authentique celui qui travaille bien. Il est présent. Je ne parle pas ici, autrement dit, de l'expression orale, qui fait fortune par ailleurs, mais bien de ce que suppose jour après jour la fidélité du pasteur à son service propre : on n'a pas le droit d'abîmer la Parole.

Et rien n'est plus nécessaire à nos concitoyens que de se voir adresser des paroles justes. Là encore, justesse et justice ne font qu'un : le mode et le sens ne se séparent pas.

Le travail de la parole est aussi, on s'en doute, un combat. Combat contre les paroles de mort, paroles vaines, vides, que les surréalistes appelaient le langage cuit. Premier combattu : le parleur de mort qui est en nous. C'est ainsi seulement que nous pouvons à coup sûr reconnaître les mauvais parleurs : nous les connaissons de l'intérieur.

Enfin, ce travail de la parole est, grâce à Dieu, un plaisir. Freud l'a d'ailleurs bien montré. Châtions le puritain qui est en nous. Elle est belle, la jouissance de bien parler. Elle est le prix de celui qui a bien travaillé.

 

 

Le métier de pasteur

 

J'ai donc pris l'exemple de la lecture et de la parole, cherchant à dire ce que c'est pour moi que ces gestes professionnels simples constitutifs du faire pastoral. Il s'agit d'un apprentissage permanent, non d'une chose acquise avec la maîtrise en théologie.

Ce sur quoi il faut insister, néanmoins, c'est sur le fait qu'il s'agit là de choses dont il est difficile de parler dans l'abstrait. Si je vous dis par exemple que bien des pasteurs « parlent faux », qu'est-ce que cela signifie ? Mais si je vous fais entendre, par des moyens appropriés, ce « parler faux », alors peut-être devient-il possible d'y remédier. Il en va de même du « lire faux », qui n'est pas équivalent à « se tromper de signification ». C'est la difficulté pratique de parler de cela dans le vide qui m'a amené à insister sur un autre point, à savoir qu'il ne s'agit pas de technique professionnelle, dans ces gestes dont j'ai parlé, mais bien d'être, je veux dire de vérité.

Revenons à ces gestes : ils font jour après jour le métier du pasteur. Ils sont fondamentaux. J'ai la tristesse de constater qu'on n'en parle jamais. Cela fait que l'Évangile devient un ensemble de contenus, notionnels ou émotionnels, qui laisseront insatisfait, malgré la conviction des pasteurs. Car rien n'a de sens en dehors d'une pratique. Et ce manque de pratique, d'intérêt pour la pratique, pousse inversement à penser que la « vraie vie est ailleurs », dans une action d'une autre nature, sociale par exemple.

Certes la vie est aussi ailleurs. Mais cet ailleurs demande également une pratique. Et la pratique de la lecture biblique est une pratique sociale, qui produit. Pourquoi trouverait-on ailleurs une pratique qu'on n'a pas su trouver dans son service le plus immédiat ?

Ce que je pense, c'est que nous sommes envahis par le dualisme : parole d'un côté, action de l'autre. Mais l'un privé de l'autre, l'autre privé de l'un, sont morts. Tout ce que j'ai dit ici vise à lutter contre ce dualisme. C'est lui l'ennemi, le diviseur, le sâtân.

 

 

Singulier et collectif

 

Aussi, tout ce que je viens de dire suppose qu'on ne sépare pas le travail des pasteurs de leur situation sociale : les pasteurs ne sont pas des individus séparés. Pratiquement, lorsqu'ils lisent la Bible, c'est avec d'autres et pour d'autres. Lorsqu'ils parlent ou écrivent, c'est à d'autres. Il n'y a pas de justesse autrement.

Si j'insiste sur ce point, c'est parce que ces pages pourraient être comprises comme s'adressant à une collection d'individus séparés, qui seraient les pasteurs. Précisons : cette fausse compréhension, si elle existait, viendrait non pas tant de moi que de la situation malheureuse dans laquelle nous nous trouvons tous, à savoir notre immersion dans l'idéologie occidentale qui est notre avatar à nous de la métaphysique païenne.

Cette idéologie a ceci de mauvais qu'elle pousse chacun à se considérer « naturellement » comme un être en soi, in-divis, mais divisé d'avec les autres. C’est ce qu’on appelle un individu. Et chacun sait que les protestants sont encore plus individués que les autres.

En réalité, nous sommes tous pluriels, chacun d'entre nous est un peuple, un synode, une paroisse, un groupe. Et tout groupe, synode, paroisse, peuple, est aussi en quelque manière une personne (le droit français dit : une personne morale). Ceci est vrai expérimentalement, pour peu qu on y prenne garde, mais ceci est vrai aussi bibliquement, par ou l'on voit que la Bible en sait beaucoup sur nous. Relisez les Psaumes, vous verrez une fois de plus comme les singuliers et les pluriels y alternent, désignant tantôt le peuple comme une personne, et tel individu comme tout un peuple.

C'est que le passage permanent du singulier au collectif, et du collectif au singulier, est précisément ce qui empêche les peuples et les personnes de se réfugier soit dans le totalitarisme, soit dans le nombrilisme. Et ces deux « ismes » aboutissent à la même perdition : le pouvoir des faux-dieux.

Il nous faut tenter de penser en des termes tels que je ne puisse rien dire de moi qui ne soit pas vrai aussi du monde où je vis, et rien dire de ce monde qui ne soit pas aussi vrai de moi.

C'est alors que le combat de l'Évangile est aussi un combat politique, sans toutefois que le politique dérive en totalitarisme. Et c'est alors que la consolation de l'Evangile est aussi une consolation intime, sans toutefois que l’intime ne pourrisse en en fuite religieuse.

Je suis pour ma part convaincu de plus en plus que le combat pour la justice sociale et le combat pour la justesse personnelle ne font qu'un : pratiquement, ici et maintenant, c'est cela que la Bible me dit merveilleusement. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Ni de nos plaisirs.

« Foi et Vie », LXXXIII, N° 4, juillet 1984, pp. 75 à 83

 

* Ce texte est une reprise assez remaniée d'un article paru dans les « Cahiers de l'Association des Pasteurs de France » (Paris, 1976, n° 3).           

 

 

NOTES

1 On me dit : « La Bible est assez pauvrement écrite, par des gens qui ne se soucièrent pas d'être de bons écrivains ». Non. Les écrivains bibliques étaient de grands écrivains, de merveilleux artistes. Et c'est pour cela que les « petits » purent recevoir ces écrits pour leurs écrits, leurs paroles : les « petits » et les pauvres connaissent le prix des belles choses, du beau travail : ils connaissent leur valeur de vérité. C'est ce que nos artistes à nous semblent avoir un peu oublié. Nous confondons le populaire et le vulgaire : c'est le réflexe puritain de l'esthétique récente. La beauté des écrits bibliques, souvent différente de ce que nous appelons beau, est un corollaire de leur vérité.

 

2 Bien des « évangélistes » à la mode ne font que revêtir d'une forme biblique un fond non-biblique (la vieille religion qui se nourrit de l'angoisse humaine, de la misère sociale et personnelle, et les nourrit). Inversement, et par réaction, certains tentent d'exprimer un fond biblique dans une forme non-biblique (les philosophies sociales modernes). Les deux sortes sont également issues du bon vieux dualisme de la forme et du fond, que vomissent prophètes, psalmistes, et apôtres. Ce que nous avons à faire, à mon sens, c'est construire le langage biblique d'aujourd'hui : l'accomplissement du Salut fait de nous des Auteurs (ceci contre le littéralisme).

 

3 Le travail du texte peut être comparé au travail de la pâte par le boulanger : celui-ci travaille, certes, mais ce travail produit un travail de la pâte elle-même, qui retentit à son tour sur le travail du boulanger, l'amenant petit à petit à se modifier.

 

4 Changer la société ou changer l'homme ? Cette question nous divise. C'est normal, puisqu'elle est liée, elle aussi, au dualisme, qui divise, qui sépare. Donc qui tue. Ici, il sépare la réalité en une machinerie sociale et une conscience individuelle. Les deux sont des leurres. LA société et L’homme sont des idoles vaines. Et l'on ne peut changer ce qui n'existe pas. Il n'y a que des situations sociales, que nous combattons dans le temps que nous les acceptons (sauf suicide) : qui nous font et que nous faisons. C'est dans ce système global qu'intervient l'Écriture.

 

 

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