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De mars 2017 à février 2018, c’était un feuilleton…
interrompu puis repris le 30 novembre 2020.
On trouvera l’ensemble du récit sur la page Célestin.
Création de
Stéphane Pahon (détail)
cÉlestin
Ou le cheminement d’un jeune migrant togolais
revenu de Bakou, capitale de la France
–oOo–
Et voici la fin de l’histoire :
Chapitre
63 et dernier
Où
passent les souvenirs
À la
suite de cette première rencontre entre Célestin et Kékéli,
quelques semaines ont passé au cours desquelles s’est installé par à-coup un
mode de vie à trois qui durera des années, pour eux deux et Charline.
Dès que
sa vie professionnelle et sa vie sociale le permettent, il passe un jour ou
deux à Lomé, au Grand Hôtel, puis bientôt chez elle, redevenu son amant.
Cela se
fait avec l’accord de Charline, tranquillisée depuis qu’elle s’est trouvée
enceinte, puis mère d’un beau petit Africain, puis de deux, enfin de trois.
Elle dit en riant qu’elle ne pouvait pas faire moins que Kékéli
en matière d’enfantement ! D’autre part, cette situation la rend tellement
libre à l’égard d’autres hommes !
Célestin
doit convenir que, curieusement, sa relation avec Kékéli
l’a rapproché de Charline. Il se dit qu’elles représentent pour lui deux
histoires étrangères l’une à l’autre qui, grâce à leur présence simultanée,
sont pourtant devenues la sienne.
Le plus
difficile, pour Kékéli, a été de faire admettre ce
mode de vie à ses enfants, encore adolescents. Deux garçons et une fille.
Celle-ci, Espérance, la plus jeune, avait quatorze ans. Kékéli
ne sait plus trop quelle sorte d’espérance elle entretenait lors de la
naissance de sa fille, tant les choses allaient mal entre elle et Blandin…
Autant
les deux garçons se sont ligués contre la présence de Célestin dans le lit de
leur mère, autant Espérance a pris le parti de cette dernière. Pour elle, sa
mère était l’héroïne d’une aventure tellement romantique !
Pour les
garçons, c’était une question d’honneur. Ils pensaient à leur père prisonnier.
Déjà, au lycée, au stade, à la plage, leur devoir avait été de prendre sa
défense quand on les provoquait à son sujet. Ils avaient dû souvent se battre
pour défendre leur dignité, liée à la sienne. Comment accepter dans ces
conditions la victoire d’un rival ?
Et puis
Blandin a été libéré. Il a retrouvé, lui, l’opulent et fastueux député, la maison
de son père, humble petit fonctionnaire. Il a pu se rendre compte que ses amis,
qui l’avaient oublié lors de sa détention, ne le reconnaissaient pas plus
depuis qu’il était à nouveau libre. Il a constaté que ses maîtresses lui
tournaient le dos, à lui qui leur avait tellement donné…
Aussi,
lorsque ses garçons ont demandé à venir habiter avec lui, pris de honte, il les
a chassés en jurant. Puis, ayant réussi à récupérer quelques biens qu’il avait
pu soustraire aux yeux de la justice, il a quitté le pays. Seul. Sans un mot
pour eux.
C’est
ainsi qu’ils ont fini par accepter la présence à la maison de l’amant de leur
mère. Puis de l’accepter lui-même, puis, à la longue, de se comporter avec lui
comme avec un oncle plein de gentillesse et de générosité. Plein aussi de tant
d’expériences à raconter !
Célestin
pense de moins en moins à ces expériences, à cette Aventure qui l’avait
propulsé au travers de l’immensité africaine. C’est plutôt le souvenir des
personnes qu’il a rencontrées qui lui revient le plus.
Et au
milieu de leur troupe, par delà les Blandin et Bébé, Koffi et Lakhdar, Victoria, Mokhtar et
Albert, Théodore et Clem, Oumou
et Assalek, Abder, Boutros
et Mamadou, Alphonse et Annonciation, puis Abondance, Abdou et Louiza, la pauvre Honey, l’autre
Mamadou, Rodolphe et Amédée, Beppe, Mao et Soudard,
Vivi, Omar, puis Vianney, Éléonore et Rodolphe et bien sûr Mabel,
Inès enfin…
…
surnagent deux figures, celle du pasteur en chaire, à Lomé, qui l’encourageait
sans le savoir, et celle de ce Yovo de
malheur, celui qui cherchait tant à le dissuader de s’accrocher
à ce mirage d’une Europe compatissante et partageuse…
Mirage ou opportunité, qui le
dira ?
FIN