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Poèmes de l’avent

 

 

En fait, on trouvera sur cette page trois séries de poèmes :

Poèmes de l’avent 2011

Poèmes de l’avent 2019

Poèmes de Noël et du dimanche des Saints innocents

Les anges et moi

 

 

 

Poèmes de l’avent 2011

 

 

Premier dimanche de l’avent

Avenir

 

en ce pays je sais 

depuis longtemps tu restes en sommeil

sans doute qu’il le fallait

de toi nos mémoires étaient fatiguées 

lassées de ton image conviens-en

icône très ancienne

toi-même souviens-toi

tu ne tenais plus guère à elle

n’as-tu pas décidé alors

de t’effacer 

incertain de ton envie de revenir

et puis je sens ici ou là que tu respires

l’air a frémi légèrement

un lit gémit c’est un dormeur qui bouge

il va reprendre souffle

repense lentement son monde

il se demande s’il ne va pas

s’il n’aurait pas envie de

s’éveiller se souvenir

se lever se regarder se voir renouvelé

offrir au miroir de toutes ces années

la neuve image d’un visage défatigué

s’il entrevoit qui sait

au monde comme un air

serait-ce un air encore vicié

et pourtant oui, propre à imaginer

à se représenter

un avenir

 

 

 

Deuxième dimanche de l’avent

Litanie de la petite amour

 

père qui vis et vivais avant nous

montre-nous tes cheminements 

que face au monde immense devant nous

nous ne pensions petitement 

 

ô père qui vis au-dessus de nous

apprends-nous tes commandements

et que l’image de ton Fils en nous

nous ne vivions petitement 

 

ô père qui vis au-dedans de nous

fais-nous respirer largement

de l’étroitesse du cœur garde-nous 

que nous n’aimions petitement 

 

ô père qui vis si proche de nous

vivons-nous fraternellement ?

qu’envers celui qui chemine avec nous

nous n’agissions petitement 

 

ô père qui vis tout autour de nous

le monde vit injustement

c’est toi qui mets ce défi devant nous 

ne luttez pas petitement 

 

ô père qui veux le bonheur pour nous

pour le construire, joyeusement

que jamais dans ce chantier devant nous

nous travaillions petitement 

 

ô père qui viens au-devant de nous

quand pour chacun c’est le moment

fais que, mettant la foi en nous

nous ne croyions petitement 

 

ô père qui viens pour toujours à nous

tu veux apaiser nos tourments

que l’espérance ancrée très fort en nous

nous ne mourions petitement 

 

 

 

Troisième dimanche de l’avent

Cantique du comment

 

Comment saurions-nous nous prosterner,

Nus devant la plus grande faiblesse,

Nous qui aimons surtout les richesses ?

Viens faire de nous des nouveaux-nés,

Viens, Fils de Dieu, sois notre sagesse !

 

Et comment pourrions-nous accepter

Pour Seigneur un enfant sans défense,

Nous qui ne rêvons que de puissance ?

Viens nous revêtir d’humilité,

Viens, Fils de Dieu, sois notre innocence !

 

Comment voudrions-nous nous offrir

Jusqu’au bout à un petit enfant,

Nous qui nous faisons dieux, forts et grands ?

Viens vivre en nos vies pour les ouvrir,

Viens, Fils de Dieu, sois notre avenir !

 

 

 

Quatrième dimanche de l’avent

Nu et advenu

 

Il est venu,

Faible et menu,

Dans notre vie.

Il a tenu

Et maintenu

La voie suivie.

 

Il a connu

Le contenu

De nos envies,

Appartenu

Au continu

De nos survies.

 

Dieu inconnu,

La vie à nu

Et asservie,

Lui, méconnu,

Non reconnu,

Il l’a servie.

 

 

 

 

Poèmes de l’avent 2019

 

 

Avent 4

 

Un souffle

 

manquerait un souffle

brise légère

silencieuse, aérienne, ténue   

venue on ne sait d’où

allant où l’on ne sait

 

manquerait-il

tout irait comme devant

tout suivrait son chemin

chemin de grandes peines

voies de petits bonheurs

 

et suffirait d’un souffle

haleine de buée

toute chose convertie

muée, bouleversée, retournée

tournée vers ce qui vient

 

un souffle saint

et viendrait l’enfant

celui qui vint, qui vient

ce souffle qu’il vienne enfin

à la bouche des humains

 

Avent 3

 

Je suis venu

 

tu attends que je vienne ?

je suis venu

avance toi vers moi

ta vie est dans la mienne

 

je suis venu

pour toi, pour l’univers

espère-moi

je viens, ne le sais-tu ?

 

le temps de ma présence

de mon absence

de ma venue

font un seul temps de vie

 

je viens encore en toi

je suis venu

ces deux fois n’en font qu’une 

à venir comme advenu   

 

avance encore, avance

tu vas vers l’inconnu

tu vas me trouver nu

je suis venu

 

Avent 2

 

J’espère ton retour

 

comme l’oiseau attend le jour

et l’épouse le soldat 

comme la mère attend l’enfant 

j’attends, mon amour, ta venue

j’espère ton retour

 

je ne sais quand tu viendras

mais tu seras surpris 

je vais changer tu verras

je serai là pour toi

j’espère ton retour

 

 

en haut de l’escalier je serai là

à l’entrée de la maison 

à la grille du jardin je serai là

sur notre chemin

j’espère ton retour

 

sur la route qui va je serai là

à l’entrée de la ville 

sur le quai de la gare je serai là

à la porte du wagon 

j’espère ton retour

 

 

comme on attend le parloir

comme on attend la gamelle

comme on attend le coup de rouge

comme on attend le lit au soir

j’espère ton retour

 

je serai beau je serai belle

comme file une étoile   

lavée, briquée dans la nuit sale

changée, comme astiquée

si tu reviens 

 

Avent 1

 

venir, tu es venu

comme à chaque bouleversement

quand la terre s’ébranlera

quand tombe la lune et fond le soleil

à nos yeux éperdus

 

tout semble aller comme devant

l’eau ruisselle et clapote la pluie

au matin luit la lumière

lentement elle s’estompe au soir

et l’on ne te voit pas venir

 

passent les jours

entre la guerre, entre la paix

calme public et tumulte des gens

ainsi que jamais ou toujours

jours après jours, temps après temps

 

et l’on ne te voit pas venir

peut-être ne viendras-tu jamais

alors que voici, tu es présent 

et voici que tu viens

quand en secret change le monde

 

Tu te tais

 

entre toutes les rapidités

les fureurs, les fracas

affolements de foules effrayées

ou rires exagérés

trombes ou traversées de foules

 

tu te glisses

tu es la couleur du silence

 

interstices de peurs

intermittentes colères exténuées

rages et tendresses cependant

souffle des soulèvements

misères

 

tu vas sans bruit

est-il important que l’on t’ignore ?

 

 

Poèmes de Noël et des Saints innocents

 
 
Noël

 

tu es donc un enfant

 

es-tu celui que j’ai vu dormir à Paris dans la rue ?

tu t’étais fait une cabane de carton

faute d’une crèche 

et ces barbus éméchés accroupis avec leurs chiens

qui saluaient de leurs litrons levés

tes fidèles bergers 

 

ou bien es-tu ce petit d’homme armé d’une kalach ?

tout juste viens-tu de tuer tes pareils

ils sont anges du ciel

et ces guerriers kakis ramassant, arborant leur butin

ivres de qat et s’ornant de colliers d’oreilles  

seront mages ou rois 

 

es-tu la petite fille brune qui suce un vieux blanc 

après qu’en haletant il t’aie démaillotée ?

on t’allaite ainsi

et tu entends des chants dans les chambres voisines

cris de plaisir en des moments d’orgasme

chœur d’anges mâles

 

encore seras-tu la gamine employée comme esclave ?

tu n’as pas écouté ta maîtresse indignée

et l’on te fouette 

n’es-tu pas née pour servir et obéir et faire plaisir ?

on t’enverra dormir à jeun dans l’étable

bête que tu es

 

enfant ? je t’imagine encore inlassable au travail

à casser des cailloux le marteau à la main

pierres précieuses

visage de poussière et bras endolori mais courage

tu rapporteras bien ce soir quelques roupies

offrande pour ton maître

 

ô toi qui viens comme un enfant je fais un rêve

et c’est que tu deviennes un jour un prince

prince gaucher

pour plonger les salauds dans la nuit de décembre

et donner aux enfants qui te ressemblent ainsi

leur bel avenir

 

mais tu viens pour mourir

 

 

 

Saints innocents

 

cette année qui se finit, disait-il, voyez-vous je ne l’aime pas trop

elle est si pleine de malheurs

bien trop pleine de rapines

 

elle est bien trop remplie des tombes éparses d’enfants inconnus

des petits garçons, des petites filles

des innocents pas même saints

 

laissez-la aux riches et aux intelligents ils en feront bien quelque chose

ils sauront l’utiliser à leur guise

à leur service et pour leur bénéfice

 

c’est une année faite pour le chœur des anges mais quand ils pleurent

qu’ils se disent on ne va pas chanter

je ne l’aime pas trop cette année-là

 

 

cette année qui se termine, a-t-il dit, c’est une année comme les autres

autant pleine de miracles mort-nés

pleine aussi d’espérance avortée

 

elle est bien trop remplie de femmes avec le corps de leurs fils abattus

avec leurs filles au loin vendues

avec leurs gars partis, aventurés

 

rendez-la aux forts en gueule, aux vaillants de paroles, ils la sanctifieront

ils diront bien tous les mots qu’il faut

ils vous mettront la larme à l’œil

 

frères, c’est une année faite pour qu’une autre, meilleure, la remplace

celle qui pourrait tout commencer

l’an qui vient, combat renouvelé

 

 

 

 

Les anges et moi

 

 

 

La dame 

 

tout aurait pu arriver

heureusement tout s’est bien passé

 

la dame aurait pu refuser

l’ange aurait pu se tromper

la dame aurait pu perdre sa chaussure

elle aurait pu avoir mal et s’en aller

et l’ange aurait pu se vexer

il aurait pu se froisser

ses ailes se ternir ou se flétrir

même se faner

 

le temps qu’on retrouve cette chaussure tout aurait pu rater

on sait qu’une chaussure perdue ne peut pas repousser

il faut la retrouver aurait dit l’ange

la prochaine fois tâchez d’être moins maladroite

sans l’écouter la dame s’en serait allée

 

mais tout s’est bien passé et quand il est venu

la dame l’attendait pieds nus

 

 

 

L’erreur

 

l’ange s’était brutalement matérialisé sur la barre d’appui de ma fenêtre

il était assis les jambes au-dehors, la main gauche en appui sur mon bureau

celui-ci est placé sous la fenêtre, l’ange était tout près, juste devant moi

il m’a regardé, l’air d’abord un peu intrigué puis carrément désappointé

« Si je ne vous plais pas, vous n’avez qu’à vous en aller », je lui ai asséné

c’est vrai, c’était embêtant, il faisait froid et j’étais obligé de laisser ouvert

 

j’ai eu l’impression qu’il se demandait s’il ne s’était pas trompé d’adresse

je ne semblais pas correspondre à la personne qu’il s’attendait à rencontrer

« Vous ne vous appelleriez pas Marie, des fois ? » il me dit en bon français

« Pas du tout, je lui réponds, et nous sommes en 2012 après Jésus-Christ »

« Jésus-Christ, Jésus-Christ… » il me dit, l’air de chercher dans sa mémoire

je l’ai interrompu : « En plus je suis un homme et Marie est un nom de femme »

 

j’essayais de le mettre sur la voie, le pauvre emplumé, il avait l’air perdu

peut-être qu’il ne faisait pas partie des anges dont on parle en décembre 

celui-là cherchait bien une Marie, mais il n’avait pas l’air trop sûr de lui

« Je crois bien que je suis en retard, il me dit, l’autre a dû me doubler »

je me suis demandé de quel autre il parlait, mais je commençais à me lasser

un ange, bon d’accord, mais ce n’est pas une raison pour déranger les gens

 

« En fait, il ajoute, je cherche une Marie mais j’ai perdu ses coordonnées 

c’est embêtant parce que je fais la course avec un autre et je risque de perdre 

nous avons tous les deux un message à porter mais ce n’est pas le même »

on ne se refait pas, quoique agacé je lui ai demandé quelle était la différence

« Sexuelle, la différence, il m’a dit, lui il annonce un homme, moi une femme

et je crois bien que j’ai perdu la course, c’est bête ! » il paraissait désolé

 

« C’est vrai c’est ballot, je lui ai répondu, vous auriez pu faire attention ! 

maintenant, là-haut, vos services vont êtres obligés de tout recommencer… »

il a secoué la tête et les ailes et il a dit « Ben oui… surtout que voyez-vous,

j’ai quand même eu l’impression que le patron aurait préféré avoir une fille

oh làlà làlà, ce qu’il va être déçu… et moi, qu’est-ce que je vais prendre ! »

mais j’ai vu qu’il souriait et j’ai compris qu’il avait fait exprès de perdre…

 

 

 

La rencontre

 

en mon esprit de nuit pleuraient des souvenirs trop lourds 

je marchais sur les pavés glissants d’une rue du faubourg

 

elle remontait hors du séjour des morts et je la connaissais

abandonné, ne sachant où mes pas me portaient, j’avançais

 

issu de ces pavés, visage dans la nuit, un ange m’apparut

on le sait, il arrive aussi aux anges perdus de finir à la rue

 

montait-il de mes caves, ou bien, perdu, s’en venait-il du ciel

ne se sachant, ne se voulant, ne se croyant messager officiel

 

j’ai failli marcher sur sa face de pluie mais je fis un écart

les anges m’indiffèrent, je les évite, qu’ils parlent aux jobards

 

mais il a ri, il semblait sûr de lui et des mots qu’il m’a jetés

j’ai couru, couru, de tout ce qu’il a dit rien n’a pu m’arrêter

 

on craint bien moins, au faubourg, le couteaux des apaches

ou bien les dégueulis des bienheureux amis du gros qui tache

 

et comme je fuyais, cet ange a reparu, son visage à mes pieds

j’ai tremblé, effrayé, apeuré, puis j’ai su qu’il voulait m’éveiller

 

j’avais erré en cette nuit de brume où j’arpentais mes rêves

le visage de cet ange m’a fait croire en un jour qui se lève

 

 

 

La nièce 

 

– Tu ne crois quand même pas aux anges ? me demande ma nièce,

– Non, bien sûr, je réponds, quand même pas ! Je ne suis pas idiot.

Pas vraiment !

 

– C’est que tu en serais bien capable ! dit-elle en me scrutant,

L’ennui, avec les nièces perspicaces, c’est qu’elles vous devinent.

À l’instant.

 

Avec elles, on ne peut plus croire à ce qu’on veut sans le dire.

Je crois aux anges, ça me plaît de croire aux anges, et alors ?

Je suis grand !

 

Mais bien sûr, quand je dis ça, ce n’est pas sérieux, c’est pour rire,

– C’est pareil pour moi, me dit mon ange gardien, je n’y crois pas.

Pas vraiment !

 

 

 

La surprise

 

des anges, j’en ai vu beaucoup, mais celui-là était différent

il avait pris l’apparence de mon dernier petit-fils, Jonathan

on dira qu’en réalité il s’agissait bien de celui-ci mais non

j’ai le coup d’œil, je sais distinguer un ange d’un petit-fils

on ne peut s’y tromper, Jonathan est beaucoup plus pertinent

cet ange-là était pertinent comme un pape devenu calviniste

il tenait des propos que mon petit-fils n’aurait jamais tenus

Jonathan s’est toujours appliqué à des propos incontestables

de ceux dont on perçoit immédiatement l’intérêt et la validité

s’il s’exprime, c’est pour signifier des souhaits respectables  

comme le besoin d’un bisou maternel ou le désir d’un bonbon

rien que de bien circonscrit et de facilement compréhensible

l’ange, lui, discourait, parlant sans retenue de choses vagues

comme le feraient, tenez, des théologiens, c’est dire la nullité

comment, me disait-il, peux-tu continuer à croire aux anges

au bon dieu et à toutes ces histoires, même à la sainte vierge

alors je me suis dit que pour un ange il manquait de bon sens

je me suis même demandé s’il ne s’était pas trompé de camp

ou pire, s’il ne venait pas du camp adverse, déguisé et grimé

eh bien non, c’en était un, de ceux auxquels on ne croit plus

et vous avez raison, m’assura-t-il, ce n’est pas ce qu’on croit

vous allez voir, celui qui vient à vous… va vous surprendre 

 

 

 

La raison

 

Je ne sais qui m’avait envoyé tous ces anges,

drôle de cadeau de fin d’année.

Cela partait d’une démarche fort étrange,

j’en suis encore tout étonné,

et plus, la visite inopinée d’un archange

survenue à la fin du dîner

m’ayant déplu, me laissant coi et sans louange,

à raison je l’ai abandonné.

Me faut-il accepter pourtant qu’il me dérange, 

m’annonce qu’un enfant nous est né ?

Cet enfant m’indiffère, serait-il dans ses langes,

et l’archange aussi, tout empenné.

Attendez ! On voit bien que l’ange se mélange

quant à ce fils qui nous est donné !

Le fils de Dieu se prélassant dans une grange…

qui croirait un ange halluciné ?     

 

 

 

Le halo

 

qu’un monsieur tout ordinaire prenne le visage de l’ange

cela peut arriver 

ou l’inverse, l’ange se présentant comme un monsieur

jamais auparavant vous ne l’aviez vu, vous ne le connaissiez pas

jamais plus vous ne le verriez 

entre ces deux jamais, parole fut dite

un soir peut-être, un peu tard sous la pluie

dans une rue étroite, dans une ville inconnue 

sous le halo tremblant, tenez, d’un réverbère

et la vérité qui toujours vous accompagne

vous fut dite, qui sait, sans que vous la saisissiez

 

 

 

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