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TRADUIRE ET LIRE
AMOS
On trouvera ci-dessous un ensemble de textes
écrits en 1978 et présentant les objectifs de la traduction biblique que je
prône, ainsi qu’une traduction du livre du prophète Amos.
La seule
littérature authentique de la pauvreté est la poésie. On la récite, on la
chante dans les sociétés les plus démunies. Elle est le contrefort de la
famine, le dernier rempart de l'homme contre toutes les exterminations
humaines, les seules qui ravagent
l'âme durablement. On y concentre dans la graine, tout le patrimoine d'une culture ; en germe, tout pourra éclore
ensuite, par d'autres voies.
Jean Guénot
Pas de théorie terrifiante, pas de méthode
compliquée, pas de sophistication stratégique, pour
faire dire à un grimoire le fond du fond du fond de ce qu'il ne voulait pas
dire. Non. Un enfant pourrait lire
ça. J'espère bien que beaucoup
d'enfants liront ça : pour que change le monde. Le grand secret, caché depuis
sa fondation, a toujours été lisible et visible par les enfants, par ceux qui sont les plus exposés aux violences, les humiliés, les offensés, les obscurs et les silencieux. Le
point de vue de la victime ne produit pas une philosophie
abstraite ou une science transcendante accessible
seulement aux doctes et à "ceux
qui savent" mais un chemin plain et facile où les collines sont arasées, doucement, et les vallons comblés.
Michel Serres
Contenu :
(en
cliquant sur une des lignes soulignées on parvient directement au paragraphe
concerné)
1 – Faites-là vous-mêmes !
– La lecture de la Bible
pour les enfants de tous les âges
ou lire la Bible comme poème qui parle
– Un combat, un travail,
un plaisir
ou l’écriture libératrice
ou quelques conseils pratiques
2 – Amos
traduit
3 – Quelques renseignements sur le livre d’Amos
Faites‑vous
votre BibIe vous‑mêmes.
C'est ce que je vous propose ici : réclamez aux traducteurs un texte qui
soit fait pour la lecture orale, et entraînez‑vous
à le lire avec votre propre souffle, votre propre voix, votre propre bouche.
Vous verrez qu'ensuite vous connaîtrez la Bible. Et
c'est beau.
Démonstration : dans cet ensemble, vous trouverez une
traduction "poétique" (c’est‑à‑dire physique) du livre du prophète Amos, avec
quelques indications pour la lire à haute voix et
des textes de présentation. C'est un travail qui doit pas mal à Henri Meschonnic.
Ce qui serait bien, c'est qu'on prenne de
nouvelles habitudes, et qu'on n'appelle plus "Bible" le petit livre
relié chagrin bien connu, le réceptacle de toutes les justifications du pouvoir
d'engluer la vie avec des paroles mortes. Ce qu'on ferait à la place, c’est
qu’on démultiplierait les Écritures en traductions, transcriptions, textes nés
de leur lecture, etc. Vive saint Marc en polycopié, l'Ecclésiaste en feuilles
volantes...
Ça n'ira pas tout seul, parce que la Bible c'est
dur, c'est dru, c'est rude ; c'est fait pour des êtres libres. Ce n'est pas
notre cas.
Il y a bien des manières de lire.
Je peux lire avec ma tête. C'est la manière la
plus courante, la plus connue, la plus enseignée. C'est celle de l'école.
Dans ce cas‑là, je
cherche ce que ça veut dire : "Ce que je lis, qu'est‑ce
que ça veut dire ?" ça vient
de quelque part. ça va quelque
part. Il y a un moyen, sûrement, de dire les choses autrement ; en plus
logique, en plus compréhensible, en plus acceptable.
Mais si je fais cela, je me heurte à un gros
inconvénient : je vais chercher autre chose que ce qui est écrit. C'est
souvent le cas pour la Bible. Par exemple, si je prends l'histoire biblique de
Caïn et Abel, je vais me demander qui a écrit cela, quand, où, pourquoi ? Et
avec tout cela, quand j'aurai répondu à toutes ces questions, je connaîtrai les
raisons qui ont fait écrire cette histoire‑là à
quelqu'un. Je saurai ce que ça veut dire.
Par exemple, je saurai que Caïn tue Abel parce
qu'il représente les agriculteurs qui suppriment les bergers (et c'est vrai que
le passage des troupeaux détruit les récoltes…). C'est un exemple, on pourrait
(on a pu) trouver bien d'autres raisons.
Quand je lis de cette manière, je cherche les
raisons. L'inconvénient, c'est que je suis tenté de voir dans cette histoire,
avant tout, le genre de raison qui m'intéresse moi, ou qui intéresse mon
époque, mon milieu, mon éducation.
On dira : "Et pourquoi pas ?" Bien sûr,
on a le droit. Mais franchement, si vous voulez lire un texte qui dise ce que
vous pensez vous, pourquoi ne pas l'écrire ?
Plus généralement, ce qu'on peut reprocher à ce
genre de lecture, celle de la tête, c'est qu'elle s'intéresse à tout ce qui
entoure le texte, ce qui est avant, ce qui est du temps (l'histoire la culture,
la politique, la religion de ce temps‑là), mais
pas au texte !
C'est pourquoi, à cette attitude, s'oppose une
autre, qu'on appelle souvent "littéraliste" ou
"fondamentaliste", qui est outrée de cette ingérence de nos
mentalités modernes au milieu de ces textes "fondamentaux", de ces
textes sur lesquels il faut "se fonder", et qu'il ne faut pas
"critiquer". Car la façon de lire exposée plus haut s'appelle
"critique", d'après un mot grec qui signifie juger.
Pas de jugement ! De quel droit jugerions‑nous ces textes qui nous jugent, eux, bien
plus justement que nous ne pourrions les juger ! Voilà le point de vue du
fondamentaliste. Lui, il prend ces textes comme ils sont, il en dégage des
règles intangibles : des fondements.
Et l’on voit que le lecteur critique et le lecteur
fondamentaliste s'opposent comme... Caïn et Abel (chacun essaie de ne pas être
Abel). Ils s’opposent, oui, mais sur les mêmes bases, qui sont celles de la
lecture intellectuelle. Tous les deux, ils cherchent "ce que ça veut
dire" : les raisons, pour le lecteur critique, et les fondements pour le
lecteur fondamentaliste. Ce qui est avant le texte et l'explique ou bien ce qui
découle du texte et l'applique.
Oui mais le texte des Écritures ?
André Breton, le poète surréaliste, écoutait un jour
un brave homme qui cherchait à lui expliquer un poème : "Ce qu'il veut
dire..." André Breton le coupa : "Non Monsieur. S'il avait voulu dire
cela, il l'aurait dit !" Eh oui !
Mallarmé, autre poète, reçut un jour un homme qui
avait bien du souci : il avait beaucoup d'idées de poèmes, mais il n’arrivait
pas à les mettre en vers. Mallarmé sourit : "Mais Monsieur, la poésie ne
se fait pas avec des idées, elle se fait avec des mots."
Et si la Bible était de la poésie ?
Mais cela nous entraîne vers une autre forme de
lecture, la lecture sentimentale, ou émotionnelle. Parce que, chez nous, s'il
ne s'agit pas d'idées, alors il s'agit d'émotions.
Et effectivement, il y a beaucoup de gens qui
lisent la Bible avec "leur cœur". Ils pensent qu'ainsi ils ne risquent
pas de se tromper. Mais comment être sûr qu'on ne projette pas ses propres
émotions sur un texte qui n'en peut mais ? C'est le plus souvent ce qui se
passe. Et là encore, on ne respecte pas les Écritures. On leur fait dire ce qui
nous fait plaisir (et d'ailleurs, il y en a qui trouvent plaisir à se faire du
mal, à se faire peur, en lisant la Bible).
Alors on pourrait copier Mallarmé : "On ne
fait pas de la poésie avec du sentiment, mais avec des mots". Un autre
grand écrivain, André Gide, disait d'ailleurs : "On ne fait pas de bonne
littérature avec des bons sentiments".
C'est important, l'avis des écrivains ; ils savent
ce que c'est que l'écriture parce qu'eux, normalement, ils écrivent. Or la
Bible… c'est écrit !
Ce sont des choses comme ça, aussi bêtes, souvent,
qui nous remettent les pieds sur terre : la Bible, c'est une écriture ; la
Bible, ce sont des mots. C'est de l'encre sur du papier.
Vraiment ? Seulement ? Non. Ce n'est pas l'encre
qui est importante, ni le papier. Ça, ce n'est que l'écriture. Et une écriture
toute seule, sans lecteur, ce n'est rien. C'est mort.
Il y faut un lecteur. Ou plusieurs. L'écriture
n'est rien en soi, ce qui est important c'est qu'on la lise. L'écriture, en
réalité, c'est de la lecture. C'est pourquoi la tradition juive, là où nous
disons "Les Écritures", dit : "Les Lectures" (hammiqraoth).
Il faut comprendre ces mots au sens le plus
simple, le plus concret, du moins en premier lieu.
Il est frappant de constater qu'on explique la Bible, qu'on la commente, qu'on
la prêche, qu'on l'analyse... mais en oubliant le premier pas : qu'on ne la lit
pas.
Cela comporte une conséquence grave, c'est que
tout cela est réservé à ceux qui savent expliquer, commenter,
analyser, prêcher... C'est bien pour cela que le commun peuple, les gens comme
tout le monde, s'en détournent. Lire la Bible ? Ah ! non
ce n'est pas pour moi. C'est pour les grosses têtes ; c'est pour les grands
cœurs. Ah ! misère…
Pour lire, il faut un lecteur, au moins. Ne l'oublions
pas celui-là ; c'est nous. Voyez‑vous le
Seigneur Dieu nous met sa Parole dans la bouche. La tête, le cœur, tout cela
suivra bien sûr. Mais seulement s'il y a d'abord la bouche. Vous avez bien dit
"bouche" ? Oui.
On dira : "Si je lis en silence, je n'ai pas
besoin de bouche !" Si. Mais d'abord les gens qui ont écrit la Bible ne
reconnaissaient pas de valeur à la lecture silencieuse (elle n'est devenue
recevable qu'au IVe siècle de notre ère). Et puis de toute façon, même comme
ça, la bouche joue le premier rôle : simplement, dans la lecture silencieuse,
on l'imagine, la bouche, même sans y penser.
Qu'est‑ce que
c'est, lire avec sa bouche ? C'est de la gymnastique. C'est du sport. C'est le
travail des muscles. Comme ça l'écriture vous passe dans les muscles. André
Spire (encore un poète) disait : "Plaisir poétique, plaisir
musculaire". Plaisir, oui, mais aussi : connaissance.
C'est avec les sens que je connais les choses.
Oui, pas en premier lieu avec la tête ou le cœur, mais d'abord avec les sens.
La vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, le goût.
Dans la parole, les sens qui fonctionnent en premier, ce sont le toucher et
l'ouïe.
L'ouïe ça ne vous étonne pas, mais le toucher ? Eh
bien quand j'articule, quand je bouge les muscles qui font parler, je sens par
le toucher : mes lèvres se touchent, ma langue touche mon palais ou mes dents,
etc.
Et j'ai dit la bouche, mais pas seulement elle ;
le souffle aussi. Ça c'est encore un travail musculaire. Ce sont les muscles
qui font travailler les poumons. Et là où il y a muscle, il y a sens :
sensation du mouvement, de l'effort, du relâchement, du rythme.
Si vous lisez, vous sentez. La lecture est en
vous. Elle est vous. C'est pourquoi l’on peut dire, pour la Bible : la Parole
de Dieu est en vous. Elle est vous. Sans vous lisant, pas de Bible.
Notez que je dis "Parole de Dieu", pour
la Bible : cela ne vaut que pour ceux qui croient que la Bible est la Parole de
Dieu. Cet aspect de la question n'entre pas en considération pour la question
de la lecture en elle‑même. Mais il y a une
grande importance, inversement, pour ceux qui croient que la Bible est la
Parole de Dieu, à s'apercevoir qu'en la lisant ils sont en quelque sorte la
bouche de Dieu. Il peut sembler à beaucoup que cette affirmation est énorme :
je la pose ici pour répondre à ceux qui disaient de moi que je fais de la
"théologie humoristique". Mais ayant dit, je dois ajouter que cette
affirmation n'a pas grand sens tant qu'on n'a pas précisé en quel sens on
emploie le mot "dieu".
L'écriture lue, ce sont des sons et du rythme.
C'est‑à‑dire quelque chose de physique.
Tout à l'heure, je disais : des mots. Oui, mais c'est une façon de parler, car
les mots tout seuls, comme ça, ça n'a pas de sens. Ce qui a du sens, c'est
l'enchaînement des sons, des rythmes.
Alors il se passe une chose ; c'est que si vous
prenez la lecture comme un acte physique, le sens de la lecture vous apparaît.
Au sens le plus simple, il vous apparaît : vous voyez (enfin ça ressemble à la
vue), vous voyez ce que vous dites. Les sens communiquent entre eux en quelque
façon, on dirait. Vous voyez, ou vous entendez, ou les deux (ne cherchez pas à
faire des étincelles, contentez‑vous d'entendre
si c'est comme ça pour vous).
Ça n'est rien de plus, notez‑le
bien ; après ça il faut encore comprendre ; après ça on peut s'émouvoir ou non.
Ça n'est rien de plus mais enfin c'est fondamental. Si vous avez ça, on ne peut
plus vous embobiner avec de beaux raisonnements, avec de bons sentiments.
Si ce que vous voyez, si ce que vous entendez, ça
vous plaît, tant mieux. Sinon ma foi c'est raté. Lisez autre chose. Moi je fais
confiance à la Bible. Je sais qu'elle parle fort et dru. Mais il y a beaucoup
de raisons qui peuvent faire que ça rate. Surtout ne vous accusez pas :
attendez que ça vienne.
Mais ça ne viendra pas tout seul, aussi ; il y
faut un entraînement, comme pour tous les sports. Pourquoi ? C'est pourtant
simple de parler ! Non ce n'est pas simple. C'est un acte très complexe, pas
naturel du tout. C'est quelque chose que les humains ont acquis à la longue.
Voyez comme les petits enfants ont de la peine à y arriver.
Et en plus de ça, nous vivons dans une société
très intellectuelle et très émotive, sans beaucoup de place pour le physique,
ou alors seulement vu du côté de la performance, du côté de la force, pas du
côté de l'art du mouvement. Ou peu.
Aussi, il faut s'entraîner à acquérir le geste
juste (entendez comme "geste" et "juste" se ressemblent !).
C'est peut‑être parce que cet art vous manque
que vous avez raté votre lecture.
Les Anciens – les gens par exemple qui ont écrit
les écritures bibliques – eux, c'est plutôt de cette manière qu'ils concevaient
la lecture : un geste. Un beau geste, bien fait. Mais ce n'est pas parce que
c'étaient des Anciens (avec un grand A) qu'ils avaient raison. C'est parce que
sans cela il n'y a pas de vraie communication, mais des relations tordues,
biaisées... Et d'ailleurs, ce n'est pas tous les Anciens, mais ceux qui ont su parler,
du milieu de la foule des gens de leur temps, à tous les hommes de la terre. De
grands artistes, parfois inconnus.
C'est très beau, moi je trouve, ce lien physique
tellement nu qui passe d'eux à nous, et de nous aux autres. Tellement dépourvu
de bagages.
Et cependant tellement présent. Car si tu lis
bien, tu es là, pas dans le ciel de tes idées, pas dans l'enfer de tes
angoisses. Et si tu es là, la parole aussi, que tu dis, est là.
Les Anciens nous disent, pour la Bible: c'est la
parole de Dieu. Eh bien il faut les prendre... au mot. Car une parole de Dieu,
je ne sais pas bien ce que c'est, mais à coup sûr ça parle. Lisons
on verra bien.
Ce n'est pas un dieu que tu entends ? Mais qu'est‑ce qu'un dieu ? Tu ne sais pas – et moi non plus.
Nous avons des idées là‑dessus, des sentiments,
des émotions... des angoisses. D'où vient tout cela ? Bouf !
Comment faire alors ? Écoute dans ta bouche la
parole du dieu biblique. Voilà ce qu'est un dieu. En voilà au moins un. Ah pas
comme tu l'avais supposé, peut-être, mais enfin écoute‑le. Parle-le. Sois au plus près de toi‑même :
Parle‑t‑il
juste ?
Et après tout, compare donc. Tout le monde peut
s'exprimer. Lis les autres paroles : au plus près de toi‑même.
Parlent‑elles juste ?
Après cela prends la justesse qui te revient.
Après avoir lu ces textes, certains diront : assez
de ces écritures ! Des actes !
Et alors on verra naître bien des livres, écrits
pour tirer des textes bibliques : des lignes de conduite. Et ces livres seront
piétistes. Ou ils seront existentialistes ou marxistes. Ou encore thomistes. Ou
autres encore. Mais ce seront des livres. Et, de plus, ennuyeux.
Je pense que la lecture et l'exploitation des
écritures bibliques est en soi un acte fort. C'est une pratique. Et de cette
pratique naissent de nombreuses autres pratiques. Pratiques de libération.
On s'étonnera : parler, écrire, lire : des
actes ? Oui. Car la langue est le premier outil de l'homme. La parole est son
premier travail. Il est dévolu à tout être humain, à tout groupe, de faire
son langage. S'il ne le fait pas, d'autres s'en chargeront et il sera l'esclave
de ce langage, et ces autres seront ses maîtres. Mais Dieu n'est pas, en ce
sens, un maître : il n'a pas d'esclaves.
Nous savons maintenant à quel point l'esclavage
est commun, universel. Nous savons – nous devons savoir et comprendre – à quel
point nous parlons à tout instant, plus ou moins malgré nous, la langue de nos
maîtres, la langue de l'exploitation de l'homme par l'homme, la langue du dieu
Mammon. Nous savons aussi que nous parlons, plus ou moins malgré nous, la
langue de César, la langue de l'organisation étatique et bureaucratique, de la
domination de l'homme sur l'homme.
Mais sachant tout cela, nous fuyons le plus
souvent, oscillant entre César et Mammon, socialiste ou libéral, préférant l'un
à l'autre, espérant améliorer le régime de celui qui des deux nous parait
préférable. Ou bien nous croyons possible de nous tenir cachés entre : neutres,
centristes. Illusion totale car nous vivons dans le langage, et le langage
n'est pas neutre : nos mots nous trompent. Non parce qu'ils seraient par nature
mensongers, mais parce qu'ils disent les mensonges des dieux d'aujourd'hui. À
cet endroit mystérieux et caché où naît et vit le langage, en chacun, au plus
profond, déjà, la langue des maîtres est maîtresse. Ni trop exploiteur, ni trop
exploité ? Ni trop dominateur, ni trop dominé ? Je participe cependant au
mensonge, je fais corps avec lui, c' est lui qui me
fait.
Contre‑tous
ceux qui pensent que la vérité de la Bible est un éternel contenu dont les
formes sont, ou bien sacrées, ou bien transitoires ; qui ont en commun le
dualisme hérité des Grecs anciens, je dis que la parole de Dieu n'est pas avant
nous, mais bien l' écriture, et que la parole.est devant : à faire, à
construire ensemble. Ainsi, nul centrisme, nulle neutralité, mais un combat, un
travail, un plaisir.
Autrement dit, l'Écriture n'est pas à interpréter,
au sens où il faudrait en tirer des vérités anciennes dites dans le langage
d'aujourd'hui : c'est cela le dualisme de la forme et du contenu.
L'Écriture fut une construction datée, située,
historique. Elle fut écrite par des gens qui faisaient paroles de Dieu leurs
paroles : paroles de vie plus fortes que l'esclavage, que le mensonge, que la
violence des maîtres. Paroles‑actes. Paroles
d'esclaves en libération.
Aujourd'hui, pareille œuvre est à faire, mais
nous, nous avons le fruit de ce travail, de cette histoire, de cette situation
juste, de ce seul point de vue juste qui est : celui du plus dépourvu quand il
a décidé de toucher à mort, au point le plus sensible, les œuvres de son
esclavage.
Uniquement dans cette perspective, il devient vrai
que l'esprit l'emporte sur la lettre : c'est bien le même vieux désir divin de liberté‑justice qui a écrit la Bible et qui
aujourd'hui – et lui seul – peut la faire parler.
Nul langage ne peut l'emporter sur lui
éternellement, car il est l'esprit même de Dieu. Mais cela n'est encore que
parole vaine, vent qui passe, s'il n'y a pas ce combat, ce travail, ce plaisir
: bâtir à longue‑longue haleine un langage
libre, au corps à corps avec l'Écriture, en son temps bâtie.
Cela seul compte, qui est utopie certes, et seule
vérité.
Ce que j'ai essayé de dire n'a de chance de
signifier quelque chose que si deux conditions pratiques sont réalisées. Une
condition qui concerne le lecteur, et une qui concerne l'écriture biblique.
La première a trait à cet entraînement dont j'ai
parlé et qui permet au lecteur d'être "au plus près de lui‑même",
présent à lui-même et à son parler. Cet entraînement existe. Ou du moins il
existe des méthodes qui poursuivent précisément ce but, sans prétendre l'avoir
totalement atteint, mais en cherchant – méthodiquement – à s'en rapprocher.
La seconde concerne la question de la traduction.
La Bible, comme on sait, comprend des textes écrits en trois langues (si l'on
considère les Écritures dites chrétiennes) : l'hébreu, l'araméen, et le grec
ancien commun (koïnè). Ce seul fait indique que ces textes ne
s'entendent que dans la langue de tout le monde (pas de langue
"religieuse" ou "cultivée") : l'hébreu pour letemps et le lieu où l'hébreu se parle, l'araméen de même,
le grec commun enfin. Par construction, l'idée de retour à unoriginal
hébreu, pour les textes écrits en d'autres langues, est absurde. De même, un
quelconque privilège accordé à ceslangues,
aujourd'hui inusitées chez nous. Il faut donc traduire. Alors, traduire : pour
la tête, pour le cœur, ou pour le corps(bouche et
souffle) ? Évidemment pour ce dernier.
Traduire la bouche et le souffle des Écritures en
une bouche et un souffle qui soient ceux des francophones d'aujourd'hui. C'est
ce qui ne s'est pas fait jusqu’à notre époque. Ou très peu, dans quelques
textes épars.
Il n'entre pas ici dans mon propos de donner des
indications techniques, ni théoriques, sur ce que pourrait, et devrait, être
une traduction biblique qui permette au lecteur de porter le texte à sa bouche
à lui. Je me contenterai de proposer une traduction, concernant le livre
d'Amos.
Cette traduction est bonne ou mauvaise, cela est
second : elle n'est présentée ici qu'en fonction d'une visée expérimentale. Il
s'agit de privilégier, dans le processus de communication des textes, ce qui
est la matière du texte lu, à savoir le modelé de l'air en vibration : le
rythme, en premier lieu, c'est‑à-dire la fluctuation du flux verbal, puis
– lorsque c'est possible sans un maniérisme absent du texte original – le
travail de l'articulation (les sonorités). La langue qui se produit ainsi est
certes du français, mais un français dont le rythme est d'ailleurs et d'un
autre temps. On peut parler ainsi : essayez. Mais ainsi on parle la Bible.
C'est du moins ce qui est visé.
On parle la Bible : non pas dans le dessein de
quitter notre ici et notre aujourd'hui, mais dans le dessein de l'entendre,
cette Bible, ici et aujourd'hui. Pour qu’en faire ? On y reviendra.
Mais il se peut qu'à la lecture de cette
traduction vous vous disiez : "Il y a là-dessus
un tas de choses incompréhensibles, c'est plein d'obscurités !".
Eh ! bien c'est vrai. N'oubliez tout de même pas que la Bible a été écrite
dans l'Antiquité ! Mais toute la question est de savoir s'il faut tout
comprendre tout de suite. Nous sommes habitués aujourd'hui à ce qu'on nous
présente la vérité toute découpée, toute assaisonnée, prête à la consommation :
méfiance ! Il y a de gros dangers à cela. Tout d'abord le travail de prémâchage n'est pas innocent, il permet au technicien de
la consommation de vous faire avaler subrepticement sa propre idéologie sous
couleur de Bible. Ensuite, c'est bel et bien à vous de vous charger de votre
propre intelligence : méfiez‑vous, quand on ne
s'en sert pas, l'intelligence rouille...
C'est pourquoi je vous propose d'aborder ce texte,
tout d'abord, de la façon la plus pratique : parlez‑le.
Et vous verrez que vous l'entendrez. À votre manière, qui pour vous est la
bonne. Ce qui subsistera d'obscurités ne doit pas alors être pris comme un
ratage, comme un manque, mais comme une occasion de recommencer, de vous offrir
à nouveau le plaisir de lire, d'entendre, et d'avancer.
L'Amos qui suit est fait pour le souffle, pour la
bouche, disais‑je, tout comme le premier Amos
hébreu. En ce sens très concret, il s' agit de textes in‑spirés. Pour les lire, il faut apprendre
par la pratique le sens d'un certain nombre de choses : voici quelques conseils
tout à fait pratiques pour votre lecture (mais ce qui suit n'intéresse que les
mordus, on peut passer de suite à la lecture).
Ce texte est écrit au moyen de groupes de mots qui
se suivent en une seule respiration pour former un verset. Ces groupes
sont reliés les
uns aux autres par des silences plus ou moins longs.
Le verset a deux versants,
deux parties (les stiques) qui se répondent. Par
exemple :
– Stique 1 :
Et leur roi ira – à l'exil
– Stique 2 :
Lui et ses nobles – ensemble – a dit Mon-Seigneur
(chapitre 1, v.15).
La lecture de chacun de ces stiques peut être de
durée variable car ils sont souvent de longueur inégale ; il ne s’agit
pas, en effet, de vers à nombre de syllabes compté, à la différence de notre
poésie classique ; au contraire, le but recherché par le poète hébreu est
le plus souvent une variation rythmique continue, si bien que pour rendre ce
rythme à la parole, l’important est d’introduire dans la lecture des
accélérations et des ralentissements. C’est d’ailleurs ce que le texte hébreu
indique avec précision.
Ces modifications rythmiques – l'accéléré et le
ralenti – ne correspondent pas à une plus ou moins grande lenteur de
l'élocution, mais à une plus ou moins longue durée des silences. Ceux-ci sont
indiqués dans le texte suivant de différente manière :
– le passage à la ligne entre les versets, le plus
long ;
– le passage à la ligne avec retrait, entre les
stiques, un peu moins long ;
– le long trait entre deux groupes de mots à
l'intérieur d’un stique ;
– le trait court entre deux groupes de mots à
l'intérieur d’un stique.
Dans la pratique, ce dernier correspond à peine à
un silence, il indique surtout que la dernière syllabe du mot qui le précède
est accentuée (c'est la tonique). Exemple (la syllabe tonique est soulignée) :
Mon Seigneur – de Sion rugira.
Cela peut paraître un peu compliqué mais la
lecture de quelques versets, en suivant ces indications, doit prouver que c'est
finalement tout bête. De toute façon, il ne s'agit pas de minuter la lecture,
mais d'aboutir à un phrasé rythmé, contrasté.
Si vous y parvenez, vous verrez qu'il est tout à
fait inutile de travailler l'intonation dans la lecture, de la charger
d'intentions : le rythme se chargera tout seul de cela. Essayez au contraire de
vous défaire des mauvaises habitudes, de la déclamation et de la lecture
scolaire, qui introduisent une sorte de mélopée inutile dans le texte : visez
au plus simple.
Le système rythmique de cette traduction est celui
du texte hébreu, mais simplifié ; dans le texte hébreu, il y a seize sortes
différentes de silences...
Quant aux groupes de mots, ils correspondent aux
groupes de mots de l’hébreu. Leur groupage, et la grammaire qui va avec, vous
sembleront peut‑être bizarres : cela n'est pas
gratuit, mais est composé, à la suite du texte hébreu, pour donner toute sa
force et toutes ses nuances au langage. Exemple :
Et leur roi ira – à l'exil
n'a
pas exactement le même sens que :
Et leur roi ira à
l'exil
ni que :
Et leur roi ira – en exil.
Le plus important : exercez‑vous
à cette lecture à plusieurs en vous essayant tour à tour comme en un jeu. Dans
un premier temps, ce travail s'apparente à une espèce de gymnastique. Peut‑être trouverez-vous ainsi le plaisir du langage,
singulièrement absent de notre culture (vous serez ainsi moins aptes à vous
faire avoir par les "beaux parleurs", dont vous serez plus à même de
percevoir les trucs).
LE LIVRE
DES DOUZE
I
1 – Les paroles d'Amos –––
qui était des éleveurs – de Técoa
qu'il voyait sur Israël ––– aux jours – d'Ozia le
roi de Jouda ––– et aux jours – de Jérovâam fils de Joach – le roi
d'Israël ––– deux années – avant le séisme
2 – Et il a dit ––– Mon-Seigneur – de Sion rugira ––– et de Jérusalem – sa voix
donnera
et pleureront – les campagnes des bergers ––– et sèchera – le sommet du
Carmel
3 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les trois – crimes de Damas ––– et sur
les quatre – je ne le ferai plus revenir
sur fouler – au rouleau de fer – le Guilâad
4 – Et j'enverrai un feu –
à la Maison de Hazaël
et il mangera – les demeures de Ben‑Hadad
5 – Et je briserai – la
barre de Damas ––– et supprimerai qui siège – de la Vallée‑des‑Peines
––– et qui tient le sceptre – de la Maison d'Éden
et les gens d'Aram s'exileront – à Quir – a dit
Mon-Seigneur
6 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les
trois – crimes de Gaza
––– et sur les quatre – je ne le ferai plus revenir
sur exiler – un exode absolu – pour le livrer pour Édom
7 – Et j'enverrai un feu –
aux murs de Gaza
et il mangera – ses demeures
8 – Et je supprimerai qui
siège – d'Asdôd ––– et qui tient le sceptre – d'Asclôn
et je ramènerai ma main – sur Écrôn ––– et s'évanouiront ––– le reste des
Philistins ––– a dit – Mon-Seigneur Adonaï
9 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les trois – crimes de Tyr ––– et sur les quatre – je ne le ferai plus revenir
sur livrer – un exode absolu – pour Édom ––– et ils n'ont pas évoqué – un
pacte de frères
10 – Et j'enverrai un feu – aux murs de Tyr
et il mangera – ses demeures
11 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les trois – crimes d’Édom ––– et sur
les quatre – je ne le ferai plus revenir
sur poursuivre à l'épée son frère – et il s'est pourri la tendresse ––– et
sans cesse déchirait – sa colère ––– et sa fureur – toujours a veillé
12
– Et j’enverrai un feu – à Temân
et
il mangera – les demeures de Boçra
13
– Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les trois –
crimes des Fils d’Ammôn ––– et sur les quatre – je ne les ferai plus revenir
sur fendre – les femmes grosses du Guilâad –––
pour allonger – leurs frontières
14 – Et j’allumerai un feu – aux murs de Rabba
––– et il mangera – ses demeures
à la clameur – au jour de guerre ––– à la tourmente ––– au jour de
tempête
15 – Et leur roi ira – à l’exil
lui et ses nobles – ensemble – a dit Mon-Seigneur
II
1– Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les trois –
crimes de Moav ––– et sur les quatre – je
ne le ferai plus revenir
sur calciner – les os du roi d’Édom – en chaux
2 – Et j’enverrai un feu à Moav ––– et il
mangera – les demeures de Queriyôt
et au vacarme mourra – Moav ––– à la clameur –
à la voix de la trompe
3 – Et je supprimerai qui juge – de dedans elle
et tous ses nobles – je tuerai avec lui – a dit Mon-Seigneur
4 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les trois
– crimes de Jouda ––– et sur les quatre – je ne le
ferai plus revenir
sur rejeter – l’enseignement de Mon-Seigneur ––– et ses préceptes – ils n’y ont pas veillé
––– et les trompaient – leurs mensonges ––– ceux que leurs pères sont allés –
suivre
5 – Et j’enverrai un feu – à Jouda
et il mangera – les demeures de Jérusalem
6 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Sur les
trois – crimes d’Israël ––– et sur les quatre – je ne le ferai plus revenir
sur vendre à l'argent – le juste – et le pauvre à cause de deux sandales
7 – Eux qui flairent sur
la poussière du sol – la tête des faibles
––– et le sort des humbles – détourneront
et chacun et son père ––– iront – vers la servante ––– pour profaner – le
nom de ma sainteté
8 – Et sur les habits
gagés – ils détourneront ––– auprès de chaque autel
et le vin des contrevenants – ils boiront – à la Maison de leur dieu
9 – Et moi – j'ai détruit
l'Amorite – devant eux ––– qui avait comme la taille des cèdres – la taille –
et robuste – comme les chênes
et je détruisais ses fruits – par en haut ––– et ses racines – par en bas
10 – Et moi – je vous ai
fait monter – du Pays d’Égypte
et je vous ai conduits dans le désert – quarante années ––– pour posséder
– le Pays de l'Amorite
11 – Et j’ai fait lever de
vos fils – pour prophètes ––– et de vos garçons – pour dévoués
pas vrai cela
peut-être – Fils d'Israël ? – oracle de Mon-Seigneur
12 – Et vous faisiez boire
les dévoués – du vin
et sur les
prophètes – vous avez commandé pour dire ––– Ne prophétisez pas
13 – Tenez – j'enfonce – sous vous
comme s'enfoncera – la charrette ––– celle qu'a
remplie – la paille
14 – Et la fuite va
s'évanouir – pour le léger ––– et le fort – sa vigueur va lui manquer
et le jeune homme – son âme ne sauvera pas
15 – Et le tireur à l'arc
– ne tiendra pas ––– et l'homme au pied léger – ne se sauvera pas
et le meneur de cheval ––– ne sauvera pas – sa vie
16 – Et son cœur va lui
manquer – parmi les braves
nu – il fuira en ce jour – oracle de Mon-Seigneur
III
1 – Écoutez – cette parole ––– qu'a parlée Mon-Seigneur – sur vous – Fils d’Israël
sur
toute la famille ––– que j'ai fait monter – du Pays d'Égypte – pour dire
2 – Rien que – vous j'ai
connu ––– de toutes – les familles de la
terre
sur quoi
sur vous je visiterai ––– toutes
– vos fautes
3 – Deux hommes – s’en iront ensemble
sans même – se
concerter ?
4 – Un lion rugira – dans
la forêt ––– et pas une victime – n’est là pour lui ?
une
lionne donnera de la voix – depuis son antre ––– sans même – une proie ?
5 – Un oiseau tombera – sur le piège de la
terre ––– et pas un filet – n’est là pour lui ?
un
piège se lèvera – depuis le sol ––– et la prise
– il ne la prendra pas ?
6 – Qu'une trompe sonne –
dans la ville ––– et les gens ––– ne s’effraieront
pas?
qu'il
arrive un mal – dans la ville – et Mon-Seigneur – ne
l’a pas fait ?
7 – Car il ne fera pas – Mon-Seigneur Adonaï – une parole
sans
qu'il ait révélé son dessein ––– à ses serviteurs – les prophètes
8 – Il a rugi le lion –
qui n'aura pas peur ?
Mon Seigneur Adonaï – a parlé ––– qui ne
prophétisera pas ?
9 – Clamez – sur les demeures en Asdôd ––– et sur les demeures – au Pays d'Égypte
et dites
––– Rassemblez‑vous – sur les montagnes de
Samarie ––– et voyez – les troubles nombreux – au milieu d’elle ––– et les
oppressions – au-dedans
10 – Et ils n'ont pas su
agir droitement – oracle de Mon-Seigneur
ceux
qui amassent – violence et ruine – dans leurs demeures
11 – Pour cela ––– ceci a
dit – Mon-Seigneur Adonaï ––– Un ennemi – et autour
du pays
et
il abattra de toi – ta puissance ––– et elles seront pillées – tes demeures
12 – Ceci – a dit Mon-Seigneur ––– Comme le berger dégagera – de la gueule du
lion – deux pattes arrière – ou un bout d'oreille
ainsi
se dégageront – les Fils d'Israël ––– ceux qui siègent à Samarie ––– au coussin
d'un lit – et au damas d'un sofa
13 – Écoutez et témoignez
– dans la Maison de Jacov
oracle
de Mon-Seigneur Adonaï – le Dieu des Puissances
14 – Car ––– au jour – où
je visite les crimes d’Israël – sur lui
et
je le visiterai – sur les autels de Béthel ––– et seront brisées – les cornes
de l’autel ––– et elles tomberont – à terre
15 – Et je frapperai la
Maison d’Hiver – sur la Maison d’Été
et
s’évanouiront – les Maison d’Ivoire ––– et finiront – les Maisons Nombreuses –
oracle de Mon-Seigneur
IV
1 – Écoutez – cette
parole ––– vache du Bachân – qui êtes
– à la montagne de Samarie ––– celles qui pressent les faibles ––– celles qui
broient – les pauvres
celles
qui disent à vos maris – Apporte donc et nous boirons
2 – Mon-Seigneur
Adonaï a juré – par sa sainteté ––– que – tenez des jours – viennent sur vous
et il
vous enlèvera – par des crochets ––– et vos suites – par des hameçons de pêche
3 – Et vous jaillirez
au-dehors – chacune droit devant elle
et vous
vous jetterez jusqu’à l’Harmôn – oracle de Mon-Seigneur
4 – Venez à Béthel – et
faites le crime ––– au Guilgal – et multipliez le crime
et
apportez le matin – vos sacrifices ––– le troisième jour – vos dîmes
5 – Brûle sans levain –
une offrande de louange ––– et proclamez des donations – clamez
car
c’est cela votre amour – Fils d’Israël ––– oracle – de Mon-Seigneur
Adonaï
6 – Et moi alors je vous
ai donné – le chômage des dents – dans toutes vos villes ––– et le pain
manquant ––– dans tous vos lieux
et vous
n’êtes pas retournés vers moi – oracle de Mon-Seigneur
7 – Et moi alors je vous
ai refusé – la pluie – dès trois mois –
avant la moisson ––– et je vais faire pleuvoir – sur telle ville ––– et sur
telle ville – je ne ferai pas pleuvoir
telle
parcelle – recevra la pluie ––– et la
parcelle – qui ne recevra pas de pluie sur elle – séchera
8 – Et vont s'ébranler – des villes par deux
par trois – vers telle ville – pour boire de l'eau – et elles ne seront pas
désaltérées
et
vous n'êtes pas retournés vers moi – oracle de Mon-Seigneur
9 – Je vous ai frappés –
à la rouille – et à la nielle ––– en nombre vos vergers et vos vignes – et vos
figuiers et vos oliviers – la chenille les mangera
et
vous n'êtes pas retournés vers moi – oracle de Mon Seigneur
10 – Je vous ai envoyé la
peste – tel le sort de l'Égypte ––– j'ai tué à l'épée – vos garçons ––– plus – la
capture de vos chevaux
et je
faisais monter la puanteur de vos camps – et à vos narines ––– et vous n'êtes
pas retournés vers moi – oracle de Mon-Seigneur
11 – J'ai renversé chez vous ––– comme le renversement
divin – de Sedôm et de Gomora
––– et vous étiez – comme un tison – dégagé d'un brasier
et
vous n'êtes pas retournés vers moi – oracle de Mon-Seigneur
12 – Pour cela – ceci je
te ferai – Israël
en retour –
que je te ferai cela ––– prépare‑toi pour rencontrer ton Dieu – Israël
13 – Car – tenez il façonne les montagnes – et crée le vent – et
montre à l'homme – quelle pensée il a ––– il fait aurore – le soir ––– et
voyage – sur les hauteurs de la terre
Mon-Seigneur
Dieu des Puissances – est son nom
V
1 – Écoutez – cette parole ––– que moi je porte sur
vous – lamentation – de la Maison d'Israël
…
… …
2 – Elle est tombée – ne
se remettra levée ––– la vierge – d'Israël
affaissée sur
son sol – personne qui la relève
3 – Car ceci a dit – Mon-Seigneur Adonaï ––– la ville – celle qui fait sortir
mille hommes – lui resteront cent
et celle
qui fait sortir cent hommes – lui resteront dix – pour la Maison d'Israël
4 – Car ceci a dit – Mon-Seigneur
– pour la Maison d'Israël
Cherchez‑moi
– et vivez
5 – Et ne cherchez pas –
Béthel ––– et le Guilgal – n'y venez pas ––– et Beèr-Chèva n'y passez
pas
car le
Guilgal – s'exilera s'exilera – et Béthel sera Peines
6 – Cherchez Mon-Seigneur – et vivez
sinon il
surprendra comme un feu – la Maison de Jossef ––– et
il va manger et personne n'éteint – à Béthel
7 – Eux qui renversent en
absinthe – le droit
et la
justice – l'ont couchée par terre
8 – Il fait les Pléiades – et Orion ––– et
renverse en matin – l’ombre de mort ––– et le jour – il l’assombrit en nuit
il appelle
l'eau de la mer – et il la répandra – sur l'étendue de la terre – son nom est Mon-Seigneur
9 – Il force la ruine –
sur le puissant
et la
ruine – sur la citadelle viendra
10 – À la Porte ils haïssent – qui accuse
et qui
parle honnêtement – ils le détesteront
11 – Pour cela – que vous piétinez le pauvre – et la
réserve de blé – avez pris chez lui ––– des maisons sculptées – vous avez bâti
– et vous n'y siégerez pas
des
vignes enviées vous avez planté – et vous ne boirez pas – leur vin
12 – Car j'ai su –
nombreux vos crimes ––– et graves – vos péchés
ils
attaquent le juste – prennent le pot‑de‑vin
––– et les pauvres – à la Porte ils les ont déboutés
13 – Pour cela – le sage
– en ce temps – se taira
car
– il est mal – ce temps
14 – Cherchez le bon et non le mal – parce que
vous vivrez
et ainsi sera – Mon-Seigneur
Dieu des Puissances – avec vous – comme vous avez dit
15 – Haïssez le mal – et
aimez le bon ––– dressez à la Porte – le droit
peut‑être
––– fera-t-il grâce – Mon-Seigneur Dieu des
Puissances – au reste de Jossef
16 – Pour cela – ceci a
dit Adonaï – Dieu des Puissances – Mon-Seigneur –––
Dans toutes les rues des pleurs ––– et dans toutes les places – on dira oh-oh
et
le laboureur – appellera au deuil ––– et celui qui pleure – ceux qui savent les
complaintes
17 – Et dans toutes les vignes – on pleure
car je passerai au-dedans de toi – a dit
Mon-Seigneur
18 – Malheur ceux qui désirent – le jour de Mon-Seigneur
pourquoi pour vous – le jour de Mon-Seigneur ? – il est ombre et non lumière
19 – Comme fuirait un
homme – devant le lion ––– et le recevra – l'ours
et
il viendra chez lui ––– et il appuiera la main – sur la cloison ––– et le
mordra – le serpent
20 – N'est‑il
pas ombre – le jour de Mon-Seigneur – et non lumière
et
noir – et sans clarté ?
21 – J'ai haï j'ai méprisé – vos fêtes
et ne pourrai sentir – vos assemblées
22 – Mais vous ferez
monter pour moi des holocaustes – et vos offrandes ––– je n’en voudrai pas
et vos grasses bêtes immolées – je ne
regarderai pas
23 – Eloigne de sur moi – le tumulte de tes
chants
et la musique de tes harpes – je ne
l'écouterai pas
24 – Et que roule comme l'eau – le droit
et la justice – comme un torrent sans
fin
25 – Sacrifices et offrandes – m'en avez‑vous amenés au désert – quarante années – Maison
d'Israël ?
… … …
26 – Et vous avez élevé –
Siccoût votre roi ––– et Kiyyoûn
vos images
votre
étoile – des dieux ––– que vous avez
faite – pour vous
27 – Et je vous exilerai – au‑delà
de Damas
a
dit Mon-Seigneur Dieu des Puissances – c’est son nom
VI
1 – Malheur – ceux qui
prospèrent dans Sion ––– ceux qui se fient – aux montagnes de Samarie
élites – de
la primeur des nations ––– et la Maison d'Israël – ira vers eux
2 – Passez à Calné – et voyez ––– et allez de là – à Hamat‑la‑Grande
et
descendez à Gat‑des‑Philistins ––– sont‑elles bonnes – plus que ces royaumes‑ci
––– ou si leurs frontières sont longues – plus que vos frontières ?
3 – Éloignent‑ils
– le jour du mal
et
amenèrent-ils – la fin de la violence ?
4 – Eux qui sont couchés
– sur des lits d'ivoire ––– et s'allongent – sur leurs sofas
et
mangent des agneaux – du troupeau ––– et des veaux – pris à l'engrais
5 – Qui chantent – selon le luth
comme David – ils se sont conçus – des
instruments de chant
6 – Qui boivent aux vases
– du vin ––– et la primeur des huiles – s'en oindront
et ils n'ont pas souffert – de la
cassure de Jossef
7 – Pour cela – maintenant ils s'exileront – en
tête de l'exode
et partira – le luxe des allongés
8 – Mon-Seigneur
Adonaï a juré – à sa vie – oracle de Mon-Seigneur –
Dieu des Puissances ––– Je veux être moi – la Grandeur de Jacov
––– et j'ai haï – ses demeures
et je livrerai – la ville et son contenu
9 – Et ce sera ––– que si dix hommes –
subsisteraient – dans telle maison – et ils mourront
… … …
10 – Et son ami et parent
– l’emportera ––– en sortant les os – de la maison ––– et il dira – à celui qui
est dans les flancs de la maison – En as‑tu
encore ? – et il dira C’est fini
et il
dira Tais‑toi ––– car – n’évoquons pas – le nom
de Mon-Seigneur
11 – Car tenez Mon-Seigneur – commande ––– et il frappera – la grande
maison – débris
et la
petite maison – des brèches
12 – Courront-ils sur le roc
– les chevaux ––– ou sera-t-il labouré – par les bœufs ?
pour
que vous ayez renversé en poison – le droit ––– et les fruits de la justice –
en herbe nocive
13 – Vous qui êtes
heureux – pour Lo-Davar
qui
dites ––– N’est-ce pas par notre force ? ––– nous avons pris pour nous – Carnaïm
14 – Car – tenez je lève
sur vous – Maison d’Israël – oracle de Mon-Seigneur
Dieu des Puissances – une nation
et ils
vous serreront – de Levo-Hamat
– jusqu’au torrent de la Arava
VII
1 – Ceci – il m’a fait
voir ––– Mon-Seigneur Adonaï ––– et tenez – il façonne la sauterelle ––– au début – de la montée
du regain
et
tenez ce regain ––– est après – la coupe du roi
2 – Et ce sera – qu’elle
est toute – à manger l’herbe du Pays ––– et j’ai dit ––– Mon-Seigneur
Adonaï – pardonne oui ––– qui se lèvera ? – Jacov ?
car
il est – petit
3 – Mon-Seigneur
s’est calmé – sur cela
Ce ne sera pas – a dit Mon-Seigneur
4 – Ceci – il m’a fait
voir – Mon-Seigneur Adonaï ––– et tenez
il appelle – au procès le feu – Mon-Seigneur Adonaï
et
il mangeait – le grand abîme ––– et il mangera – la parcelle
5 – Et j’ai dit – Mon-Seigneur Adonaï – arrête oui ––– qui se lèvera ? –
Jacov ?
car
il est – petit
6 – Mon-Seigneur
s’est calmé – sur cela
Cela non plus – ne
sera pas ––– a dit – Mon-Seigneur Adonaï
7 – Ceci il m'a fait voir
––– et tenez Mon-Seigneur – se dressait – sur un mur
de plomb
et dans sa main – un fil à plomb
8 – Et Mon Seigneur m'a – dit – Que vois‑tu – Amos ?
––– et j'ai dit – Un fil à plomb
et Mon-Seigneur a dit ––– Tenez – je mets un
fil à plomb – dans – mon peuple Israël ––– je ne continuerai pas – à passer
pour lui
9 – Seront dévastées – les
hauteurs d'Issac ––– et les sanctuaires d'Israël –
seront arasés
et je me lèverai
– contre la Maison de Jérovâam – à l'épée
10 – Et Amatsia – le prêtre de Béthel – a envoyé dire ––– à Jérovâam le roi d'Israël – ceci
Amos a conspiré – contre toi – dans la Maison d'Israël ––– le Pays ne
pourra ––– supporter – toutes ses paroles
11 – Car ceci – a dit Amos ––– Par l'épée – Jérovâam
mourra
et Israël ––– s'exilera s'exilera – de sur son
sol
12 – Et Amatsia a dit – vers Amos –––
Voyant ––– va fuis pour toi ––– au Pays de Jouda
et mange du pain là‑bas
––– et là‑bas tu prophétiseras
13 – Et à Béthel ––– tu ne
continueras plus – à prophétiser
car sanctuaire du Roi – elle est ––– et Maison royale – elle est
14 – Et Amos a répondu –
et il a dit à Amatsia ––– Je ne suis pas prophète –––
et je ne suis pas fils de prophètes
car je suis berger – et je traite les sycomores
15 – Et Mon-Seigneur m'a pris ––– de derrière
– le troupeau
et il m'a dit – Mon-Seigneur ––– Va prophétise
– vers mon peuple Israël
16 – Et maintenant – écoute la parole de Mon-Seigneur
Tu dis - Tu ne prophétiseras pas – sur Israël ––– et ne baveras
pas – sur la Maison d'Issac
17 – Pour cela – ceci a
dit Mon-Seigneur ––– Ta femme – dans la ville se
prostituera – et tes fils et tes filles – par l'épée tomberont ––– et ton sol –
en lots sera partagé
et toi ––– sur un sol impur – tu mourras ––– et Israël ––– s'exilera s'exilera – de sur son sol
VIII
1 – Ceci m'a fait voir – Mon-Seigneur Adonaï
et tenez –
une corbeille d'été
2 – Et il a dit ––– Que vois‑tu – Amos ? – et j'ai dit Une corbeille de
saison
et
Mon Seigneur m'a – dit – La saison de la fin est venue – pour mon peuple Israël
––– je ne continuerai pas – à passer pour lui
3 – Et les chants du
palais hurleront – en ce jour ––– oracle de Mon-Seigneur
Adonaï
le
cadavre nombreux ––– en tout lieu – versera le silence
4 – Écoutez cela – vous
qui flairez – le pauvre
pour
exténuer – les humbles du Pays
5 – Pour dire – Quand sera passée la fête du mois ? – et nous
vendrons le froment ––– et le sabbat ? – et nous ouvrirons le blé
pour
diminuer la mesure – pour augmenter le prix ––– et pour fausser – des balances
menteuses
6 – Pour acheter avec
l'argent – les faibles ––– et le pauvre – à cause de deux sandales
et
la balle du blé – nous allons vendre
7 – Mon-Seigneur
l’a juré – par la Grandeur de Jacov
Oublierais-je
pour toujours – tous leurs agissements ?
8 – À cause de cela – le
Pays ne va‑t‑il pas trembler ––– et ne
va-t-il pas pleurer – celui qui siège en lui ?
et il
montera comme la lumière – tout entier ––– et s'agitera et s'enfoncera – comme
la rivière d'Égypte
9 – Et ce sera – en ce
jour – oracle – de Mon-Seigneur Adonaï ––– et je
coucherai le soleil – à midi
et
j’assombrirai pour le Pays – en plein jour la lumière
10 – Et je renverserai
vos fêtes – en deuil – et tous vos chants – en lamentation ––– et je ferai
monter sur tous les reins – le sac ––– et sur toutes les têtes – la tonte
et je
l'imposerai – comme un seul deuil ––– et sa suite – comme jour amer
11 – Tenez – des jours
viennent – oracle – de Mon-Seigneur Adonaï ––– et
j'enverrai une famine – au Pays
pas
une famine pour du pain – et pas une soif pour de l'eau – mais pour entendre
––– les – paroles de Mon-Seigneur
12 – Et ils s'ébranleront
– de la mer jusqu'à la mer ––– et du nord – jusqu'à l'est
ils erreront – pour demander
la parole de Mon-Seigneur – et ne trouveront pas
13 – En ce jour – elles
dépériront – les belles filles – et les jeunes gens – par la soif
… … …
14 – Ceux qui jurent – par le péché de Samarie ––– et diront – Vive
ton Dieu – Dân ––– et vive – la Voie de Beèr‑Chèva
et tomberont – et ne se
lèveront plus
IX
1 – J’ai vu Mon-Seigneur – il se dressait sur l'autel – et il a dit
Frappe le chapiteau –
et les seuils trembleront – et brise‑les – sur
la tête de tous ceux‑là ––– et leur suite – je
la tuerai à l'épée
ne fuira pas
pour eux – de fuyard ––– et ne se sauvera pas pour eux – de sauf
2 – Quand ils s'enfonceraient dans les enfers ––– de là – ma main les prendrait
et quand ils
monteraient – au ciel ––– de là – je les descendrais
3 – Et quand ils se
cacheraient – au sommet du Carmel ––– de là je fouillerais – et je les
prendrais
et quand ils se dissimuleraient – de devant mes yeux – dans le fond de la
mer ––– de là – je commanderais au serpent – et il les mordrait
4 – Et quand ils s’en
iraient captif – devant leurs ennemis ––– de là – je commanderais à l'épée – et
elle les tuerait
et j'imposerais – mon œil sur eux – en malheur
– et non en bonheur
5 – Et c'est Mon-Seigneur
Adonaï – des Puissances – qui touche la terre – et elle a fondu ––– et
pleureront – tous ceux qui siègent en elle
et elle montera
comme la rivière – tout entière ––– et elle s'affaissera – comme la rivière
d'Égypte
6 – Lui qui bâtit au ciel – ses montées ––– et sa voûte
– sur la terre a fondé
qui appelle les
eaux de la mer – et les a répandues – sur l'étendue de la terre – son nom est Mon-Seigneur
7 – N'êtes‑vous
pas comme des Fils d'Éthiopiens
– pour moi – Fils d'Israël ? – oracle
de Mon-Seigneur
n'ai‑je pas fait monter – Israël – du Pays d'Égypte
––– et les Philistins de Crète – et Aram de Quir ?
8 – Tenez – les yeux – de Mon-Seigneur Adonaï – sont sur le royaume – fautif ––– et je le
détruirai ––– de sur – l'étendue du sol
mais ––– enfin – je ne détruirai détruirai – la
Maison de Jacov – oracle de Mon-Seigneur
9 – Car tenez c’est moi –
qui commande ––– et je secouerai en toutes les nations – la Maison d'Israël
comme sera secoué – au tamis ––– et ne tombera pas le caillou – par terre
10 – Ils mourront par
l'épée ––– tous les – fautifs de mon peuple
ceux qui disent ––– il n'approchera et n'avancera pas – jusqu'à nous – le
malheur
11 – En ce jour ––– je
relèverai – la cabane de David – elle qui tombe
et je boucherai ses trous – et ses éboulis – je relèverai ––– et je la
bâtirai – comme aux jours anciens
12 – Parce qu'ils
posséderont – le reste d'Édom – et toutes les nations ––– où mon nom a été
appelé – dessus
oracle de Mon-Seigneur –
qui fait cela
13 – Tenez des jours viennent – oracle de Mon-Seigneur
––– et qui laboure approchera – de qui moissonne ––– et qui foule le raisin –
de qui jette la semence
et les
montagnes feront couler – du vin doux ––– et toutes les collines – s'écouleront
14 – Et je retournerai –
la capture de mon peuple Israël ––– et ils bâtiront – les villes dévastées – et siégeront ––– et planteront
des vignes ––– et boiront – leur vin
et ils feront des vergers – et mangeront –
leurs fruits
15 – Et je les planterai – sur leur sol
et ils ne seront plus arrachés – de sur leur
sol – que j'ai donné pour eux ––– a dit – Mon-Seigneur
ton Dieu
Amos fait partie d'un ensemble d'écrits de la Bible
hébraïque appelé "Le Livre des Douze", et qui rassemble en un tout
douze écrits dont le point commun est qu'ils concernent des prophètes. Ces
écrits vont du VIIIe au IIe siècles avant J.C.
La particularité d'Amos est qu'il est sans doute
le plus ancien de ces écrits. Il est l'écriture des paroles d'un certain Amos,
qu'il présente comme un éleveur de bétail et un arboriculteur judéen,
originaire de Técoa (près de Bethléem). Cet Amos
vivait au temps de la division d'Israël en deux royaumes, Juda (au sud,
capitale Jérusalem) et Israël (au nord, capitale
Samarie). Plus précisément sous le règne du roi Jérovâam II de Samarie (787‑747) et sous le règne du
roi Ozia de Jérusalem (781-740). C'est dans le
royaume de Jérovâam qu'il nous est présenté comme intervenant
au nom du dieu d'Israël par une série de discours et d'oracles.
À cette époque‑là,
Israël connaissait une période faste, marquée par une paix relative avec ses
voisins syriens (ou araméens), philistins, tyriens,
édomites, ammonites et moavites : ce sont les
peuples qui sont mentionnés dans le livre d'Amos (chapitres 1 et 2) et dont la
violence est condamnée. Mais Israël s'aveuglait sur la menace très sérieuse que
représentait l'agressivité de l'empire oriental des Assyriens qui, plus tard,
devait le conquérir et l'annihiler. Amos met cette menace en relation avec la
profonde injustice sociale qui régnait alors dans le prospère royaume israélite
: pour lui, elle représente un des aspects de la punition que mérite Israël.
Dans le livre d'Amos l'injustice n'est pas
seulement un fait regrettable : elle signifie un désordre très profond, qui met
en danger les assises mêmes de la création, parce qu'elle jette par terre la
loi divine (l’enseignement de Mon-Seigneur,
dit Amos). Or cette loi est pour lui le principe même de la création : sans
elle, le monde s'écroule. Si les puissants écrasent les faibles, si les riches
dépouillent les pauvres, le monde ne pourra durer, ce sera la catastrophe.
C'est un peu comme si le monde tout entier ne
devait de continuer à exister qu'à cause d'un petit royaume qui est encore
porteur des raisons d'être. Si ce dernier, ou premier, rempart venait à
disparaître, ce serait la fin terrible de ce petit royaume, victime le premier
de la loi de la violence.
Les notables – comme le grand prêtre Amatsia – ne s'en font pourtant pas : ils font confiance à
la fidélité de leur dieu, pour lequel ils organisent des pélerinages
(à Guilgal, à Béthel, à Beèr‑Chèva) et de
grandes cérémonies pieuses, avec forces sacrifices. Pour eux, le dieu qui a
délivré leurs pères de la servitude en Égypte est toujours de leur côté. C'est
pourquoi Amatsia dénonce Amos au roi, comme agitateur
étranger, et lui enjoint de retourner chez lui. Le livre ne dit pas ce qui
arriva finalement à Amos, après qu'il eût continué à prophétiser.
NOTES (1978)
On aura remarqué que
certains versets se terminent par ceci : … …
… ; cela ne signifie pas qu’il manque du texte, mais que le verset
n’a qu’un stique au lieu de deux, le second manquant. En principe, cela donne
aussi au texte précédent une plus grande importance.
Les citations du début sont
tirées des ouvrages suivants :
Jean GUÉNOT, "Écrire", chez l'auteur, 85 rue des Tennerolles, 92210 Saint‑Cloud
Michel SERRES, "Connaissez‑vous René Girard ?", article paru dans
le Nouvel Observateur, n° 701, du 17 avril 1978, pp.72 et 73, à propos du livre
de René Girard, "Des choses cachées
depuis la fondation du monde", Grasset, 1978.
En ce qui concerne la traduction biblique, on peut
lire :
Henri MESCHONNIC, "Les Cinq Rouleaux", Gallimard, et "Pour la Poétique", tome II, Gallimard, 1973. Le premier
comprend la traduction de cinq livres bibliques, le second est un ouvrage
théorique assez difficile.
On peut lire sur la question de la lecture et de
l'écriture en général, ou encore, plus précisément, sur la Bible :
Christiane ROCHEFORT : "C'est bizarre, l'écriture", Grasset, 1970.
Roland BARTHES : "Le plaisir du texte", Le Seuil ; 1973.
Henri MESCHONNIC : "Pour la Poétique", Gallimard, 1970.
Régine LACROIX‑NEUBERTH : "Le Théatricule et
le Caleçon d'écailles", chez l'auteur, 27 rue des Deux‑Ponts,
34000 Montpellier.
André PAUL : "L'impertinence biblique", Desclée,
1974.
(ils ont l'avantage
d'être courts.)
N.B. : Le
texte ci-dessus est une adaptation de la majeure partie du numéro 79-80
(novembre 1978) de la revue Dialogue du Mouvement Chrétien pour la Paix
(aujourd’hui disparu ainsi que sa revue). Le titre de ce numéro, réalisé par
Jean Alexandre et Roger Parmentier, était : Lire et écrire la
Bible : Amos.
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